BARAKA – Inner Resonance
Prolifique, ce trio japonais constitué à Tokyo en 1997 en est déjà à son neuvième album publié. Quelques prestations remarquées en Europe (dont une à Tournai en 2008) et leur entrée dans le catalogue de Musea ont mieux mis en lumière leurs qualités dans nos régions. Bien cotés, nous vous avons déjà parlé de leurs deux enregistrements précédents, « Shades of Evolution » (2008) et « Baraka VII » (2007).
Les références citées par ses musiciens nés entre 1961 et 1965 se situent dans la galaxie des années soixante et septante : Jimi Hendrix, Frank Zappa, Miles Davis pour le guitariste, les Beatles, Queen et John Wetton pour le bassiste, Carmine Appice, Jeff Porcaro et Led Zeppelin pour le batteur. A l’écoute, elles ne correspondent que partiellement au positionnent actuel du groupe et, plus particulièrement, de son guitariste lssei Takami, qui aurait pu aussi nommer Steve Vai, John Petrucci et David Fiuczynski.
La formule du trio convient parfaitement à ce brillant instrumentiste. Habituellement soutenu par une rythmique de haut vol, au personnel variable suivant les cas (Baraka, Bandvivil, Frogflavor) mais toujours solide et efficace, elle lui permet de mettre en avant une technique irréprochable, un jeu flamboyant et une audace sans cesse renouvelée. Les prestations scéniques accentuent encore ses caractéristiques, y ajoutant en prime une bonne dose d’improvisation et un brin de folie.
Le nouvel opus, composé collégialement, se répartit en deux parties :
D’un côté, une Fusion Jazz-Rock teintée de Progressif, plus ou moins énergique mais posée dans la forme, ce qui la rend automatiquement moins spectaculaire que celle produite sur scène. Cette partie reste ma favorite, avec en tête, l’excellent « Palm Trees of the Maldives ». « Reflected Waves », « Seam of the Globe » et « The Definition » méritent aussi une attention particulière.
De l’autre, un univers planant, un brin psychédélique, entre Jazz et Rock, entre Pat Metheny et Steve Hillage (époque « Green »). C’est toujours plaisant, souvent épuré, parfois répétitif. Les atmosphères sont primordiales, ce qui justifie l’utilisation importante du synthétiseur. Les prouesses techniques sont réduites et il arrive même que basse et percussions soient absentes. Quelques touches de guitares, quelques phrases sont piquées çà et là pour nourrir la pièce. « Yggdrasil », « The Chair Made of Guns » et « Gate to Principle » constituent un beau travail dans le genre.
À défaut d’être un grand album, « Inner Resonance » est un bon album, agréable à l’écoute. Ses deux facettes très différentes, opposées diront certains, apparaissent à la fois comme une force et une faiblesse. Une force, car elle montre la diversité du groupe ; une faiblesse, car elle accentue la dispersion du propos et risque d’irriter deux auditoires éloignés.
En tout cas, les amateurs de Fusions Jazz-Rock et les admirateurs du guitariste Issei Takami privilégieront certainement « Junaokissei » (Bandvivil) et « Space Magic » (Frogflavor), que nous avons chroniqués aussi. Je les leur recommande en priorité.
Les titres (50’31) :
- « Palm Trees of the Maldives » (5’27)
- « Reflected Waves » (5’23)
- « Plunge from the Darkness » (2’32)
- « Atlantic » (6’00)
- « Seam of the Globe » (7’13)
- « Yggdrasil » (3’40)
- « The Chair Made of Guns » (8’55)
- « Gate to Principle » (6’25)
- « The Definition » (4’56)
Le trio :
- Issei Takami : Guitare & Guitare Synthétiseur
- Shin Ichikawa : Basse
- Max Hiraishi : Batterie
Pays: JP
Musea Parallèle MP 3202
Sortie: 2010/03