TEENAGE FANCLUB – Shadows
Il fut un temps, au milieu des années 90 plus précisément, où le trio écossais Teenage Fanclub figurait parmi les groupes les plus intéressants du rock indépendant anglais. « Grand Prix » (1995) et « Songs From Northern Britain » (1997) restent deux excellentes plaques, boostées par la vague Britpop (ils étaient signés chez Creation, le même label qu’Oasis à l’époque), même si leur style n’était franchement pas à ranger dans la même catégorie que Blur ou Pulp. Depuis, il faut bien admettre que leur étoile a faibli et ils sont même devenus relativement discrets. En effet, leur dernier album en date, « Man-Made », date de 2005.
Pourtant, Norman Blake, Gerard Love et Raymond McGinley, les trois membres du groupe qui composent chacun de leur côté et chantent systématiquement leurs propres compositions en se servant des facultés musicales des autres, sont loin d’avoir tiré toutes leurs cartouches. Plus mature dans leur approche et leur son, ils ont l’air de vouloir s’adresser à un public plus adulte. En tout cas, les influences des Byrds et de Neil Young n’ont sans doute jamais été aussi évidentes. Enregistré dans un studio à la campagne, « Shadows », le neuvième album de Teenage Fanclub, aura mis plus d’un an et demi à voir le jour. D’un côté, ils rencontrent systématiquement un souci lorsqu’il s’agit d’écrire les textes, mais surtout, Norman Blake habite désormais au Canada, ce qui, évidemment, n’arrange rien.
Cela dit, cela fait plaisir de retrouver ces natifs de Glasgow, surtout que certains titres valent le détour, comme « Sometimes I Don’t Need To Believe In Anything », une plage d’intro qui nous transporte plus dans l’état californien plutôt que dans la plus grande ville écossaise. En effet, cette composition sent bon le soleil, même si les guitares nerveuses juste ce qu’il faut nous ramènent à la réalité. « Baby Lee », le single avant-coureur, profite de la présence de Euros Child, l’ancien chanteur de Gorky’s Zygotic Mynci, dont la voix haut perchée donne un solide coup de main pendant le refrain alors que quelques cordes achèvent de transcender le morceau. Les harmonies vocales sont légion sur cette plaque, ce qui amplifie encore la sensation rêveuse des compositions (« Into The City », « Dark Clouds »), même si, par moments, on est un peu trop MOR (Middle Of the Road) comme sur « The Fall » ou « Live With The Seasons » qui font un peu trop Bee Gees du début des 70’s (on ne peut pas toujours vieillir dans la bonne direction). Cela dit, « When I Still Have Thee » et « The Back Of My Mind » nous confirment que, pris dans son ensemble, cet album permet au groupe de retrouver un niveau de qualité qu’il serait stupide d’ignorer.
Pays: GB
PeMa PEMA007CD
Sortie: 2010/05/31