SQUIRE, Chris – Fish Out Of Water

Ayant eu le plaisir récemment de rédiger la chronique de « Two Sides Of Peter Banks », j’ai évoqué le premier album solo de Chris Squire, « Fish Out Of Water ». Comme ce disque réédité en 2007 n’a pas été chroniqué sur le site, je me devais de combler ce vide. Sur cet album sorti en 1975 après « Relayer », Chris, qui joue la basse, la guitare douze cordes et … chante (j’y reviendrai), a fait appel à son vieux compère de Yes, Bill Bruford déjà transféré à l’époque chez King Crimson, pour jouer batterie et percussions. Patrick Moraz, qui a remplacé Rick Wakeman sur « Relayer », officie aux claviers sur « Silently Falling » . Notons aussi la présence de Mel Collins (King Crimson entre autres) sur le fabuleux « Lucky Seven ». À noter également la présence d’un flûtiste, Jim Hastings, sur trois titres, et d’un orchestre classique de petite taille dirigé par Andrew Jackman, compagnon d’armes de Chris dans The Syn. Ce dernier joue également du piano.

Pourquoi ce titre, « Fish » était le surnom donné à Chris (avant de devenir celui du chanteur de Marillion), et « Out Of Water », hors de son milieu, autrement dit de Yes. Le disque est introduit par une partie d’orgue, jouée sur l’instrument de la cathédrale St Paul de Londres par l’organiste de la cathédrale en personne : Barry Rose (excusez du peu !). On se retrouve immédiatement dans l’ambiance sur « Hold Out Your Hand », très Yes, l’orchestre faisant oublier l’absence de guitariste solo. Arriver à jouer du progressif à la mode de Yes sans un Steve Howe ou encore un Peter Banks, vous parlez d’une gageure. Et bien Chris y parvient et l’orchestre ne rend pas l’ensemble lourd (à l’exception peut-être de la fin de l’album). Les retrouvailles avec Bill font merveille, et puis Chris chante extrêmement bien, très juste et avec un joli timbre, intermédiaire entre Jon Anderson et Sting. À réécouter cette galette, on en vient à penser que Chris aurait pu suppléer lui-même à l’absence de Jon pour la dernière tournée du groupe.

Après un subtil enchaînement, on passe à du plus sobre avec « You By My Side », piano classique, chant, batterie légère et délicate touche de flûte, un régal ! La troisième plage « Silently Falling » et la cinquième « Safe » se rapprochent à nouveau de Yes, avec toujours cette finesse rythmique qui caractérise la grande formation britannique. Et quand je parle de Yes, je pense à celui des tous grands albums : « The Yes Album », « Fragile et « Close To The Edge », plus qu’à la période un peu mégalo de « Tales Of Topographic Oceans » (question de goût ). La fin du disque vous paraîtra peut-être un peu longuette, mais bon, vous en connaissez beaucoup des œuvres sans aucun défaut ?

J’ai gardé le meilleur pour la fin, parlons de « Lucky Seven ». Ce titre justifie à lui seul l’achat de l’album ! (merci à Mr Ysaye de me l’avoir fait découvrir dans les classiques, c’est quand vous sortez ainsi des sentiers battus que votre émission est la meilleure, enfin pour ce que j’en dis !). En fait, il s’agit d’une véritable prouesse technique. Durant quasi sept minutes, nos compères, Chris et Bill en tête nous jouent en 7/8, autrement dit, toutes les deux mesures, ils escamotent le dernier temps. Comme dit Marc, en bon batteur qu’il est, vous pouvez essayer de battre la mesure, vous serez sans cesse pris à contrepied. Mais malgré cette haute technicité, la chanson est très mélodieuse, la légèreté du piano électrique, les touches de saxo tout en finesse de Mel, et le chant de Chris font de cette performance une vraie chanson qui a sa place très haut au Panthéon du rock progressif et de la musique en général. Vous devez connaître ça !

Voilà donc certainement le plus intéressant des albums solos d’un membre de Yes, mais surtout un grand album qui se doit de figurer en bonne place dans la discothèque de tout fan de Yes, mais également de tout amateur de bonne musique. Un tout bon disque.

Pays: GB
CD/DVD Castle CMFVD 1545
Sortie: 2007 (réédition, original 1975)