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MITCHELL, Anaïs – Hadestown

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Anaïs Mitchell nous avait annoncé un concept album basé sur le mythique Orphée. Il vient de débarquer sous la forme d’un opéra folk et nous plonge dans des ambiances datant de la grande dépression et de la prohibition. On y trouve aussi, pour notre plus grand plaisir, des tons New Orleans. Et puis, Anaïs Mitchell, qui a fait des études de journalisme spécialisée en géopolitique, épingle les dérives du monde actuel que ce soit du côté des dérives financières comme des relations israélo palestiniennes, tout cela en les intégrant dans son concept.

Pour ce projet, notre folk-singer s’est entourée de beau monde, à commencer par Ani DiFranco. C’est d’ailleurs cette dernière qui l’a découverte un soir dans un club de Buffalo. Elle l’a ensuite signé pour son label Righteous Babe. Et elle a bien fait, car Mitchell est sans aucun doute une artiste bourrée de talent. Mais DiFranco n’est pas la seule invitée. On trouve aussi Justin Vernon (Bon Iver), Greg Brown et Ben Knox Miller (The Low Anthem). Tous ont un rôle clé dans cette tragédie grecque.

La voix particulière d’Anaïs Mitchell ne manque pas de nous captiver. Elle est expressive, sensible et même sensuelle. La conception de l’ensemble nous tient en haleine d’un bout à l’autre. Orphée court après le rêve impossible, comme nous dans ce monde si individualiste et impersonnel. L’homme fait des erreurs. Il en fait toujours aujourd’hui. A-t-il vraiment évolué quand on voit le mur que dressent les Israéliens pour soi-disant se protéger des Palestiniens ? À moins que ce ne soit pour garder la pauvreté à distance ? C’est l’objet de « Why We Build The Wall ». Les tons sont graves comme la voix de Greg Brown. C’est intense et les frissons nous gagnent.

La voix grave de Greg Brown fait son effet sur cet opus. Elle nous trouble. C’est celle d’un patriarche. On aime aussi les tons New Orleans qui nous captivent, nous envoûtent. Avec « Way Down Hadestown », c’est un peu comme si nous étions à Bourbon Street, les frissons qui sont garantis ! La voix d’Ani DiFranco fait aussi son effet et ne manque pas de nous captiver sur « Our Lady Of The Underground » dont les arrangements sont fouillés avec violon, percussions et une basse au groove intense. Son duo avec Greg Brown (« How Long? ») est un régal, tout comme celui avec Mitchell (« I Raise My Cup To Him »). La voix de Justin Vernon a aussi son cachet et convient bien à la mélancolie de « Doubt Comes In » où les violons accentuent ses tons. Tout cela ne sont que des exemples, car il est bien difficile d’extraire l’un ou l’autre titre. Tout s’imbrique et le disque se déguste d’une seule traite.

Bref, cet album révèle une artiste complète, bourrée d’idées, capable d’écrire des chansons intenses et captivantes et d’en faire un concept album. Ce n’est pas donné à tout le monde. Et puis, le comble, c’est une réussite totale ! Il vous faut donc l’écouter de toute urgence. C’est l’album folk de l’année, celui qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte !

Pays: US
Righteous Babe
Sortie: 2010/04/26

One thought on “MITCHELL, Anaïs – Hadestown

  • Il ne faut pas aller jusqu’en Israël, les murs se construisent tout autour de nous. A Bruxelles, une chasse est ouverte aux mendiants et en général à la pauvreté, on les déloge des rues les plus fréquentées. Certes, il n’y a pas de murs de brique, mais bel et bien des murs invisibles qui nous permettent de nous désolidariser sans complexe et culpabilité. « Chasser cette pauvreté qu’on ne saurait voir ! »

    Heureusement, que mon chien est là pour me rappeler qu’il ne fait pas de différence entre le cul d’un bureaucrate et celui mendiant .
    Son flair semble avoir plus d’humanité que la plupart d’entre nous !

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