GARNER – Garner
C’est après avoir vécu une mauvaise expérience au sein d’une major tout début des années 2000 que Joël Grignard, co-fondateur de Monsoon, met sur pied un label indépendant, qu’il baptise dEPOT214. Parmi les groupes signés, outre le sien, les plus affirmés sont actuellement Cecilia::Eyes, Attica et My TV Is Dead. A cette liste, il conviendra désormais d’ajouter Garner, un trio de rock tout ce qu’il y a de plus brut, composé du chanteur guitariste Nicolas Rambaud, du batteur Didier Fontaine (une référence dans le rock belge) et du bassiste Laurent Stelleman (lui aussi membre de Monsoon au quotidien). Ensemble, ils viennent de sortir un premier album sobrement intitulé « Garner ».
Toutefois, sobre n’est certainement pas le terme qui correspond le mieux au premier effort d’un groupe au tempérament bien trempé. En effet, dès « Lost In Confusion », ils vont mettre à plat leurs influences. On pense irrémédiablement à Jimi Hendrix (le timbre de voix de Nicolas Rambaud laisse pantois, écoutez attentivement le refrain de « Behind The Curtains »). Et la maîtrise parfaite de son jeu de guitare ne fait qu’amplifier la sensation. À côté de cela, la rythmique impeccable de Didier Fontaine (« Big Boy », « ASAP ») permet aux musiciens de se laisser guider dans leurs délires. Cela dit, lorsque le tempo se ralentit, on découvre un tout autre groupe, plus humain comme sur les très réussis « Good Friend » et « This Is How I Used To Live », qui permettent de profiter pleinement de la dextérité des intervenants. C’est le cas également du plus groovy « Dangers Of Life », malgré un faux final explosif ou du bluesy névrosé « Tonight We’re Strong ».
« Walk The Line » mêle avec bonheur les débuts de dEUS et ceux de Led Zeppelin version blues rock alors qu’avec « I’ll Pay You » on va encore plus loin dans les expérimentations sonores en incorporant des riffs lancinants à une atmosphère math rock, le tout enveloppé d’une voix à la limite de la déchirure. Le délirant « Older & Guilty » et ses guitares punk funk psyché part encore dans une autre direction tandis que le final bizarrement intitulé « Song 11 » (alors que c’est la douzième plage), pièce instrumentale post rock, nous laisse imaginer à quoi aurait ressemblé le courant s’il était né vingt ans plus tôt. « Garner » est un album qui s’adresse avant tout à un public de mélomanes nostalgiques des 70’s, qui apprécieront à sa juste valeur un rock vintage généreux mais aucunement daté. Une belle performance à n’en point douter…
Pays: BE
dEPOT214 Records D214/GAR-01
Sortie: 2010/02/27
