JACKSON HEIGHTS – Ragamuffins Fool
Fin 1972, après un premier album pour le label Vertigo passé inaperçu, « The Fifth Avenue Bus », le trio de l’ex-bassiste et chanteur des Nice Lee Jackson remet le couvert avec « Ragamuffins Fool ».
Incorporé au cours de l’enregistrement du premier album suite aux problèmes de santé de son prédécesseur, le claviériste Brian Chatton s’était plutôt contenté de reprendre le flambeau en suivant les lignes déjà fixées et sans participer au processus de composition. Pour le second, il se rattrape. D’abord, il signe huit des dix compositions, dont six avec McBurnie. Ensuite, il donne un souffle nouveau à la musique du trio, multipliant les interventions au piano et prenant souvent une place prépondérante.
Parmi les références, Love et Crosby, Stills & Nash sont quasiment oubliés. Seules la qualité des trois voix et leur complémentarité peuvent encore être comparées. Le chant est mieux dosé et moins envahissant. Quant aux guitares acoustiques, elles perdent encore en importance. Leur rôle de soutien à la mélodie s’est encore réduit par rapport à l’album précédent. Leur importance frôle à présent le néant. Dans cet espace disponible, le piano s’engouffre avec bonheur et délectation. Instrumentalement, il assure la majeure partie du travail et justifie la meilleure tenue de cet album. Uniquement utilisé pour les sessions, l’ex-batteur de King Crimson Michael Giles apporte une vigueur bien nécessaire dans une rythmique qui en avait besoin.
Le ton général reste ancré dans une Pop Rock agréable, même si d’autres horizons sont parfois explorés. Ainsi « Poor Peter » est un Country Rock classique, avec banjo, violon et harmonica. « Chips and Chicken » respire le Blues du Mississippi. Quant à la reprise des Nice, « Chorale (Five Bridges Suite) », elle rappelle Keith Emerson, mais aussi Thijs van Leer et Focus. Les apports de la Musique Classique y sont considérables. Quelques réminiscences de King Crimson apparaissent également. La combinaison des voix et du piano est remarquable.
Pour le reste, les deux premières plages sont de toute beauté. « Maureen » est une composition collégiale qui aurait mérité le succès populaire. Elle contient tous les ingrédients pour plaire à un large public depuis la mélodie bien tournée et rythmée, jusqu’aux combinaisons vocales sublimes, en passant par de superbes débordements au piano. Le niveau se maintient avec la jolie ballade « Oh You Beauty ».
Même moins marquante, la suite regorge malgré tout de bons moments, particulièrement lorsque Brian Chatton, doté il est vrai d’une solide formation classique, étale ses talents d’instrumentiste. Ecoutez en priorité « Catch a Thief », vous en serez convaincus.
En conclusion, les amateurs de Pop Rock fraîche, construite sur de belles mélodies, de jolies voix et de ravissantes parties de piano, seront contents. Près de quarante ans plus tard, il est aussi important de constater que cette musique a bien vieilli.
Les titres (38’24) :
- « Maureen » (McBurnie/Chatton/Jackson)(3’50)
- « Oh You Beauty » (McBurnie)(4’20)
- « As She Starts » (McBurnie/Chatton)(3’25)
- « Be Bop » (McBurnie/Chatton)(3’58)
- « Catch a Thief » (Chatton/Jackson)(4’48)
- « Ragamuffins Fool » (McBurnie/Chatton)(4’43)
- « Chorale (Five Bridges Suite) » (Emerson/Jackson)(3’24)
- « Chips and Chicken » (McBurnie/Chatton)(3’58)
- « Poor Peter » (McBurnie/Chatton)(2’01)
- « Bellyfull of Water » (McBurnie/Chatton)(3’57)
Les interprètes :
- Lee Jackson : Chant, Basse, Congas, Percussions, Guitare acoustique & Harmonica
- John McBurnie : Chant, Guitares acoustiques, Mellotron & Piano
- Brian Chatton : Chant, Piano acoustique et électrique, Orgue & Mellotron
+ - Mike Giles : Batterie (sauf 6)
- Laurie “Gollox” Jay : Batterie (6)
- Race McCleod : Batterie (9)
- Mo Fletcher : String Bass (3)
- ”Mox” : Harmonica (8, 9)
- Keith Harris : Banjo (9)
- Oli Oliver : Violon (9)
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2171
Sortie: 2010/01/25 (réédition, original 1972/10)
