MY LITTLE CHEAP DICTAPHONE – The Tragic Tale Of A Genius
Même si l’on a l’impression que la carrière d’Hollywood Porn Stars rythme la vie de ses membres, il en est pourtant autrement dans la réalité. En effet, autant Anthony Sinatra (Piano Club) que Michael Larivière alias Redboy (My Little Cheap Dictaphone) se donnent corps et âme pour leurs projets respectifs, qui existaient bien avant le Concours Circuit 2003. Pour rappel, cette année-là, le collectif liégeois terrassera ses adversaires, alors qu’il avait été créé « pour du rire » quelques mois auparavant dans le but d’y participer. Cela dit, avec le recul, cette aventure a sans doute permis aux musiciens d’évoluer et de se surpasser afin de proposer quelque chose de sensiblement différent aux auditeurs.
Ainsi, après le bricolé « Music Drama » (2002) et le plus country « Small Town Boy » (2006), Redboy et ses compères ont rêvé, développé et patiemment mené à son terme un projet ambitieux que l’on pourrait décrire comme un opéra rock indie. « The Tragic Tale Of A Genius » est donc bien plus qu’un album. Il s’agit d’une création méticuleusement peaufinée pendant plus de deux années et qui raconte l’histoire semi-tragique d’un musicien talentueux mais particulièrement écorché (il se murmure qu’ils se soient inspirés de la vie de Brian Wilson).
Cette histoire tragique débute par un « Overture » à l’orchestration lyrique très 50’s avant que « Piano Waltz » n’amène une atmosphère cabaret grâce à son intro au piano puis aux arrangements classiques de toute beauté. De plus, la voix de Redboy s’y pose naturellement, assurée et pleine d’émotion. Une voix qui est complémentée par celle de Ralph Mulder d’Alamo Race Track pour l’excellent « He’s Not There » et ses nappes rêveuses de violon, tandis que sur l’entêtant single « What Are You Waiting For », c’est carrément Jonathan Donahue de Mercury Rev qui vient le seconder. Quant au délicat « My Holy Grail », il aurait sans problème pu se retrouver sur « Deserter’s Songs », le classique album de ces derniers.
Un début de plaque parfaitement maîtrisé qui ne va pas faiblir avec « Shine On », tour à tour symphonique, hypnotique et envoûtant, alors que Ralph Mulder revient prêter main forte sur le plus déjanté « Slow Me Down » et que Pall Jenkins (Black Heart Procession / 3 Mile Pilot) ne fasse de même sur « In My Head », que n’aurait pas renié Ghinzu. Dans un autre registre, le plus flippant « What The Devil Says » donne une indication du son que pourrait avoir Arcade Fire si on leur demandait de participer à la B.O. du prochain Twilight.
C’est alors que l’on arrive à la partie bizarre de la plaque avec un « No Self Esteem » à l’inspiration Radiohead période « OK Computer » façon jazzy et une plage titulaire qui fait très (trop?) Tom Waits. Les choses reprennent toutefois une tournure plus dans la lignée du concept avec deux ultimes compositions travaillées et soignées, « A Man With No Soul » et surtout « Face To Face », au final classique du plus bel effet (John Barry et James Bond ne sont pas loin).
La cerise sur le gâteau, c’est que, parallèlement à la musique, a été conçu un visuel mis en place par une équipe de professionnels dont le but est de faire vivre cette histoire sur scène. Nul ne doute qu’avec des projections et un orchestre classique, ce projet ambitieux risque de nous en mettre plein les yeux et les oreilles en live. En tout cas, le résultat sur disque est, contre toute attente, à la hauteur des ambitions du groupe liégeois.
Pays: BE
Pias MLCD001
Sortie: 2010/03/22