LIGHTSPEED CHAMPION – Life Is Sweet! Nice To Meet You

Lightspeed Champion, c’est le projet de Dev(onté) Hynes, artiste atypique né au Texas mais qui a grandi en Angleterre, dans l’Essex. Entre 2004 et 2006, il fera partie d’un trio de sauvages, Test Icicles, auteur d’un unique album, « For Screening Purposes Only », qui oscillait entre trash et punk saupoudré de hardcore. Quelques mois plus tard, le groupe se sépare et Dev Hynes se lance dans un projet plus personnel, qu’il baptise Lightspeed Champion, en référence à un personnage de BD qu’il croquait à ses temps perdus. Cela dit, ce n’est pas son seul projet parallèle, puisqu’il a aussi formé Naked Babes avec Tom Vek et des membres des Semifinalists, alors qu’une autre collaboration avec Whirlwind Heat se nomme logiquement Lightspeed Heat. Plus récemment, il a encore mis sur pied un autre projet, Blood Orange.

Signé chez le dynamique label indépendant Domino (Arctic Monkeys, The Kills, Franz Ferdinand,…), il sort en 2008 un surprenant premier album, « Falling Off The Lavender Bridge », au style radicalement opposé à celui de son ancien groupe. En effet, on parle plutôt ici de pop folk acoustique qui sied à merveille à sa voix. Depuis, il n’est pas resté les bras croisés, puisqu’il a écrit des nouvelles, dessiné des BD et composé des morceaux pour d’autres artistes, notamment Solange Knowles (la sœur de Beyoncé), Basement Jaxx et Florence & The Machine (sans pour autant avoir été crédité dans ce dernier cas).

Lors de l’interview qu’il nous avait accordée après son concert au Club de l’AB en mars 2008, il nous avait laissé sous-entendre que son deuxième album serait double, avec une phase calme et une autre bien plus enlevée. A l’écoute de « Life Is Sweet! Nice To Meet You », on se rend compte qu’il n’en est rien. Produit par Ben Allen (collaborateur de Gnarls Barkley et d’Animal Collective) et enregistré en neuf jours en mars 2009, il installe au contraire encore un peu plus Dev Hynes au rayon des compositeurs les plus prolifiques et intéressants de la scène musicale indépendante anglaise actuelle. En effet, de ses compositions transpirent un talent fou et une sensibilité à fleur de peau.

Ainsi, l’impeccable plage d’intro, « Dead Head Blues », démarrée tout en douceur, va permettre à la voix du chanteur de calmement se poser tout en amenant un final magistral truffé de cordes. « Marlene », le premier single à la vibe très disco, prend toute son ampleur au moment du refrain tandis que « There’s Nothing Underwater » va nous faire remarquer la présence systématique d’instruments classiques judicieusement disséminés. Outre les deux mini « Intermission », chaque titre présent ici mérite que l’on s’y attarde, tant celui qui se termine apparaît différent du suivant. Avec toujours au moins un moment qui reste dans l’oreille, en paroles (« Facutly Of Fears ») ou en musique (« The Big Guns Of Highsmith », même si ici, on est un peu trop proche du pompeux « Bohemian Rhapsody »).

La suite sera tout bonnement magnifique, avec des influences très diverses, allant de la musique classique (« Etude op.3 ‘Goodnight Michalek' ») à la pop en passant par du folk et même des attitudes de crooner (« Smooth Day (At The Library) »). Le piano de « Romart » fait fort musique de film des 70’s alors que « I Don’t Want To Wake Up Alone » revisite la même décennie. En un peu plus ringard, certes, mais les arrangements grandioses rattrapent sans peine cette pseudo maldonne. « Madame Van Damme » sera un single parfait tandis que que le très western « Sweetheart » pourrait le devenir aussi. Cet album varié se termine par le déroutant « Middle Of The Dark » aux changements de rythmes incessants, avant que le bien nommé « A Bridge And A Goodbye » ne serve d’épilogue instrumental délicat à ce deuxième album qui, même s’il n’est pas double, consacre le talent et les idées de Dev Hynes, qui n’a clairement pas fini de nous surprendre…

Pays: GB
Domino WIGCD235X
Sortie: 2010/02/15