MASK – Technopia
Mask est le projet du compositeur classique contemporain Marvin Ayres et de Sonja Kristina. Cette dernière a commencé sa carrière sur les planches en interprétant Chrissie dans la version anglaise de la comédie musicale « Hair ». Elle est surtout la chanteuse du groupe progressif Curved Air récemment reformé. Cette formation fut surtout réputée pour associer un rock progressif avec du violon baroque, un de ses titres était d’ailleurs baptisé « Vivaldi ». Deux grands violonistes se sont succédé au sein de Curved Air : Darryl Way et Eddie Jobson. Sur deux albums, « Midnight Wire » et « Airborne », figurait un des plus grands batteurs de l’histoire : Stewart Copeland. Sonja et Stewart ont d’ailleurs été mariés de 1982 à 1991 et ont eu trois enfants… voilà pour la petite histoire.
« Technopia » est le second album de Mask (vous aurez remarqué que le nom du groupe vient de la juxtaposition des initiales de ses membres), il fait suite à « Heavy Petal », joli jeu de mots, non ? Marvin et Sonja signent l’essentiel des titres présentés ici. Marvin joue du violoncelle, du violon, du piano, des claviers et chante. Sonja chante et joue de la guitare. Ils sont accompagnés par Bern Wiesner : batterie, percussions et programmation. Deux guitaristes jouent aussi sur certains morceaux de l’album. Un violoncelliste, compositeur classique et la chanteuse d’un groupe progressif baroque, on doit s’attendre à du « rococo progressif ». Et bien le moins que l’on puisse dire est que le début de l’album surprend, du rythme, en particulier sur la plage titulaire qui ouvre ce disque, c’est très électro, façon Massive Attack ou encore Portishead. La voix de Sonja fait encore merveille, ses vocalises obsédantes rappellent même « I feel love » de Donna Summer. Tout ça avec un fond de cordes frottées, violon et violoncelle, c’est gai, enjoué, plaisant. Ces qualificatifs s’appliquent aux trois premiers morceaux.
Vient ensuite une version un peu molle de « Sound and vision » de David Bowie qui marque l’entrée dans le ventre mou du disque. Et les défauts (enfin selon moi) arrivent au-devant de la scène. Les percussions surtout ! En fait sur chaque titre, Bern Wiesner a enregistré une suite rythmique, qu’il a programmé en boucle (on est loin de la spontanéité de maître Copeland), alors ajoutons à cela les violons et on croirait par moments écouter Era. On frôle même l’opéra « rock » « (massacrons) Mozart » qui viendra prochainement encombrer la scène de Foret National (qui en a vu d’autres !). Bon là je pousse le bouchon un peu loin, MASK ne descend pas aussi bas que l’autosuffisance néo-starienne de la comédie musicale de Dove Attia. On retrouve un peu de sobriété sur une courte chanson : « Is this a wrong turn » écrite et chantée par Marvin Ayres, et puis vient le plat de résistance avec « Pumping up the whisper », beaucoup plus rock, intonations à la Peter Gabriel rappelant « Ovo » et en particulier « The tower that ate people », hormis les percussions qui ne rivalisent en rien avec celles des œuvres de Peter. Mais c’est bon, très bon même, avec un petit accent Jefferson Airplane, certes désuet mais bien agréable.
Encore une belle chanson de Marvin : « Your God » pour finir en beauté. Enfin pas tout à fait, il reste « Undulations », plage quasi instrumentale qui aurait pu figurer comme intro d’une pièce de « Passion » de sir Gabriel. Le problème c’est que le morceau ne démarre jamais et dure… 8 minutes 30, dommage de finir sur du remplissage. Du (très) bon et du moins bon, donc ! Un album intéressant sans être indispensable qui pourtant démarre très bien, et finit presque aussi bien. J’insiste, le début du disque vaut vraiment la peine d’être écouté, la plage titulaire en particulier.
Pays: GB
Repertoire RAR 1005
Sortie: 2010/01