‘IGGINBOTTOM – ‘Igginbottom’s Wrench
Fondé en 1968, ce quatuor originaire de Bradford en Angleterre a enregistré son unique album l’année suivante avant de disparaître corps et biens. S’il n’avait compté parmi ses membres le flamboyant guitariste Allan Holdsworth, à l’aube d’une carrière qu’il ne pouvait encore qu’imaginer, il aurait sombré depuis longtemps dans l’oubli. C’est le chemin qu’ont immédiatement pris ses trois camarades d’aventure.
« ‘Igginbottom’s Wrench » n’en est pas à sa première réédition. Angel Air Record s’en était déjà chargé, voici une petite dizaine d’années. Celle-ci n’apporte rien de bien neuf : elle ne contient toujours aucun bonus et le livret accompagnateur ne fournit que peu d’informations complémentaires. Étonnamment, ce dernier parle peu du groupe en tant que tel, peu de ses membres, particulièrement des trois oubliés, mais se focalise surtout sur une série d’éléments périphériques.
Allan Holdsworth lui-même s’est toujours montré réservé à propos de cet album. Il est clair que ceux qui ont été éblouis par ses productions suivantes, tout au long des années septante particulièrement (Ian Carr, Tempest, Soft Machine, Tony Williams Lifetime, Gong, Bill Bruford, UK, …), ne donneront jamais la priorité à celle-ci. En fait, de Jazz-Rock, il n’en est pas encore vraiment question. « Igginbottom’s Wrench » est un pur album de Jazz, un Jazz cool, bien ancré dans les sonorités des années soixante. Le toucher du Maître est déjà précis, les envolées de bonne facture, mais encore distillées à doses limitées. Ce son si spécifique, inimitable même, qui éblouira son monde par la suite, n’est encore qu’au stade d’ébauche. Par contre, il chante, pas mal d’ailleurs, un peu à la manière de Chet Baker. Il ne renouvellera plus l’expérience. S’il n’y avait eu ce don exceptionnel à la guitare, on aurait pu le regretter.
Pour ce qui est du groupe, il tient la route sans problème. Le bassiste et le batteur ne manquent pas d’efficacité, montrant même une pointe d’audace à l’occasion. Pour ce qui est des guitaristes, l’apport réel de chacun est objectivement plus délicat à préciser, lorsque l’on connaît les carrières respectives : nulle d’un côté, extraordinaire de l’autre. Il est d’ailleurs surprenant de constater que la paternité des deux derniers titres est attribuée à Steven Robinson dans la version d’Angel Air et à Allan Holdsworth dans celle d’Esoteric. Un signe assurément !
En conclusion, en dépit de ses qualités, cet album apparaît surtout comme un document. Les passionnés et les collectionneurs des œuvres d’Allan Holdsworth, ceux qui ne possèdent pas encore cet enregistrement, se rueront chez leur disquaire. Les fanatiques de Jazz-Rock passeront probablement leur chemin. Par contre, les amateurs d’un Jazz cool, propre et aéré, vocal et construit sur les guitares, y trouveront leur compte.
Les titres (44’25) :
- « The Castle » (Holdsworth)(2’56)
- « Out of Confusion » (Freeman/Robinson/Holdsworth/Skelly)(2’09)
- « The Witch » (Holdsworth)(3’05)
- « Sweet Dry Biscuits » (Holdsworth)(2’54)
- « California Dreamin’ » (Phillips)(4’01)
- « Golden Lakes » (Holdsworth)(5’13)
- « Not So Sweet Dreams » (Holdsworth)(5’02)
- « Is She Just a Dream ? » (Holdsworth/Skelly)(4’34)
- « Blind Girl » (Robinson ou Holdsworth)(3’48)
- « The Donkey » (Robinson ou Holdsworth)(10’44)
Le groupe :
- Allan Holdsworth : Guitare & Chant
- Steven Robinson : Guitare & Chant
- Mick Skelly : Basse
- Dave Freeman : Batterie
Pays: GB
Esoteric Recordings ELEC2164
Sortie: 2009/10/26 (réédition, original 1969)