CD/DVDChroniques

FRYARS – Dark Young Hearts

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Derrière le bizarre pseudonyme frYars se cache Ben Garrett, un jeune londonien à la démarche maladroite mais au talent naissant indéniable, comme on a pu s’en rendre compte lors des Nuits Botanique en 2008, lorsqu’il avait assuré la première partie de Vampire Weekend à l’Orangerie, seul avec son laptop.

Il aura donc mis pas mal de temps avant de sortir « Dark Young Hearts », son premier album, qui arrive après deux EPs et un téléchargement gratuit via son site Internet. A l’instar de Patrick Wolf (« The Bachelor »), cet album a la particularité d’être distribué via Bandstocks, une maison de disque virtuelle qui permet aux fans d’investir en achetant des parts de la société. L’argent ainsi récolté sert à financer l’enregistrement et la distribution de la plaque. En échange, l’investisseur mélomane reçoit une partie des bénéfices, tandis que l’artiste perçoit un pourcentage plus important en royalties (par rapport à un label traditionnel).

Mais tout ceci nous éloigne de « Dark Young Hearts », qui débute avec « Jerusalem », un titre qui nous montre à quoi pourrait ressembler Cold War Kids si ceux-ci décidaient de privilégier l’électronique, malgré un refrain à la limite du ringard. Mais à partir de « The Ides » (la plage titulaire de son premier EP, sorti en 2007), on remarque l’habilité déconcertante avec laquelle Ben Garrett arrange des titres qui font mouche, genre de pop intelligente aux ingrédients subtilement dosés. « Lakehouse » fait penser au Depeche Mode des débuts, lorsque les guitares étaient encore proscrites de leurs compositions alors que « Visitors » fait encore plus fort dans les influences, puisque Dave Gahan en personne vient chanter lors du refrain pour un titre très réussi, pendant lequel Kraftwerk n’est pas très loin. « Of March » est également un excellent morceau, avec une voix caverneuse, un peu comme si Tom Smith (Editors) respirait la joie de vivre.

Le cœur de l’album sera quant à lui un rien plus mou. Plus surprenant aussi, car autant la guitare acoustique de « A Last Resort » que la piano de « Novelist’s Wife » vont à l’encontre de la direction empruntée par frYars jusque là. Et sa voix tient mieux la route avec des machines qu’avec des instruments classiques. Cela dit, malgré l’électronique, « Ananas Trunk Railway » reste lui aussi un rien en-dessous du lot.

Heureusement, la suite et la fin de l’album vont remettre les choses à leur place avec un excellent « Olive Eyes », qui renoue avec les mélodies efficaces du début de la plaque. « Happy » porte tout à fait bien son titre, auquel on couplera le joyeux « Benedict Arnold », deux compositions qui nous laissent imaginer l’état d’esprit dans lequel les enregistrements ont eu lieu. En final, le délicat « Morning » va faire voler en éclat notre théorie énoncée un peu plus haut car sa voix va se marier à merveille avec l’envoûtant esprit orchestral classique mis en place. Un bien bel épilogue pour un très bon premier album. Il ne lui reste plus qu’à soigner son image…

Pays: GB
Bandstocks / Rough Trade
Sortie: 2009/11/20

Laisser un commentaire

Music In Belgium