STRAY DOG – While you’re down there
Après leur premier album « Stray Dog » qui s’est mal vendu en Grande-Bretagne, le groupe Stray Dog va subir les affres de l’insuccès après avoir connu une vie de rock stars, sous la protection de Greg Lake, membre d’Emerson Lake & Palmer et patron du label Manticore qui a permis à Stray Dog de sortir ce premier album.
Ce manque de chance est d’autant plus déplorable que Stray Dog a mis sur le marché une excellente première œuvre, tout en blues rock bien gras et hard rock seventies. Néanmoins, le groupe ne se fait pas virer par son label mais est prié d’aller se relocaliser aux Etats-Unis, patrie d’origine de deux de ses membres, Snuffy Walden (guitare et chant) et Al Roberts (basse). Leur batteur anglais, Les Sampson (ex-Road), les suit jusqu’à Los Angeles et Stray Dog parvient à enregistrer un deuxième album avec deux membres supplémentaires, Tim Dulaine (guitare et chant) et Luis Cabaza (claviers et chant). Ces deux individus sont des amis de Snuffy Walden et Al Roberts, avec qui ils ont jammé lors des débuts de Stray Dog, au Texas.
Pour l’album « While you’re down there », Stray Dog prend contact avec le producteur Austin Godsey, qui travaille habituellement avec Stevie Wonder et qui permet au groupe d’utiliser le prestigieux studio du Record Plant de Los Angeles lors des heures creuses. « While you’re down there » se fait donc à peu de frais, ce qui tombe bien car le label Manticore est désormais devenu étrangement radin avec ses anciens petits protégés, qui se déplacent aux concerts en camionnette, après avoir connu les limousines londoniennes.
Ce disque marque un changement profond par rapport au premier album. Techniquement et émotionnellement, il n’est pas mauvais mais a laissé tomber la quasi-totalité de son caractère hard rock bluesy au profit d’un rock mainstream harmonique, un rien funky, ponctué de slows (« I would », « Dreams and junk »). Ceux qui s’attendaient à trouver le gros et puissant Stray Dog des débuts trouveront un groupe délicat, tout en dentelle, avec de belles interventions de guitare mais pas aussi percutant qu’auparavant.
Il ne faut pas être grand clerc pour entrevoir la fin rapide de Stray Dog après ceci, lorsque les ventes ne décollent toujours pas et que le groupe remise les instruments à la cave. Snuffy Walden va devenir un compositeur de génériques télés à succès, Al Roberts se lance dans un business de décoration d’intérieur et Les Sampson part s’installer en Irlande où il joue depuis avec divers groupes.
Depuis les années 70, le monde a eu l’occasion de réévaluer l’œuvre de Stray Dog, qui fait partie de l’âge d’or classique du rock des Seventies. La maison Cherry Red, qui gère entre autres le label Esoteric Recordings, vient d’éditer les deux disques de Stray Dog sous l’étiquette Manticore. On peut donc redécouvrir ces excellents petits albums, témoins d’une ère révolue, et surtout profiter d’une bonne dizaine de titres bonus qui jalonnent les deux CD : morceaux en live (à Rome en 1973), quatre chansons studio inédites (qui sont de l’excellent hard rock seventies, avec une reprise heavy du « Drive my car » des Beatles) et trois autres titres en concert jamais parus sur album. On peut alors voir à quel point ce groupe était bon. Encore un des nombreux naufragés dans la grande course des groupes rock vers le succès.
Pays: US
Manticore MANTCD1002
Sortie: 2009/10/26 (réédition, original 1974)