FLAMING LIPS (The) – Embryonic
Après une traversée du désert longue d’une bonne quinzaine d’années, les Flaming Lips récoltent enfin la récompense de leurs efforts avec « The Soft Bulletin » en 1999. Depuis, ils sont considérés comme une valeur sûre du rock indépendant américain, confirmant ce nouveau statut avec le quasi parfait « Yoshimi Battles The Pink Robots » (2002) et « At War With The Mystics » (2006). L’an dernier, ils concrétisent un projet ambitieux qu’ils auront mis près de dix ans à réaliser: le tournage de « Christmas On Mars », un film à petit budget pour lequel ils signent également la bande son. Pour leur douzième album, « Embryonic », les natifs d’Oklahoma City ont choisi de revenir à leurs racines, privilégiant un peu plus le côté expérimental avant-gardiste qui était le leur au tout début de leur carrière.
C’est en tout cas l’impression que nous donne la première écoute de la plaque. Une sorte de fourre-tout bordélique qui décontenance l’auditeur. A un tel point qu’il est indispensable d’y revenir plus d’une fois avant de percevoir des subtilités qui vont petit à petit se révéler lumineuses. Ainsi, une fois la bizarroïde intro de « Convinced Of The Hex » passée, on découvre une composition qui, magnifiée par le chant de Wayne Coyne, se révèle entêtante, tout comme « The Sparrow Looks Up At The Machine », parsemé ça et là de bruitages improbables, tandis qu’« Evil », aussi lancinant que profond, dégage une émotion palpable, un peu à la manière de Mercury Rev (dont Dave Fridmann coproduit l’album, comme à sa bonne habitude).
C’est juste après ces trois premiers titres que le trip psychédélique de Wayne Coyne et consorts se met en route, avec « Aquarius Sabotage », un court instrumental qui introduit parfaitement « See The Leaves », son petit frère aux paroles moroses. « If », petite comptine toute douce, montre à quel point le groupe s’inspire par moments des contes de fée (cfr leurs prestations scéniques), alors que « Gemini Syringes » pourrait servir de fond sonore pour une scène d’un film à anticipation. La première partie de l’album se termine par deux compositions inclassables dont ils ont le secret: « Your Bats » qui met en avant la voix plaintive de Wayne Coyne et « Powerless », qu’on dirait emprunté à Archive tant son pouvoir planant est grand.
Bien qu’il se présente sur un seul disque, « Embryonic » a été conçu sous la forme d’un double album, et la deuxième partie a tendance à être plus joyeuse et plus ouverte sans pour autant être plus accessible. Elle débute avec « The Ego’s Last Stand », qui alterne passages distordus et envolées sonores. Par contre, l’hilarant « I Can Be A Frog » salue la participation de Karen O qui traduit en cris (via son téléphone) les délires de Wayne Coyne. La chanteuse des Yeah Yeah Yeahs est également présente sur la plage qui clôture l’album, le curieux « Watching The Planets ». Tant qu’on est à parler des invités, signalons aussi la présence de Ben Goldwasser et Andrew Van Wyngarden (MGMT) qui jouent sur « Worm Mountain » et emmènent leurs aînés vers des contrées néo-psychédéliques dont ils ont le secret. Entre deux instrumentaux (dont un « Virgo Self-Esteem » flippant) et « The Impulse » chanté d’une voix trafiquée, on retrouve un semblant de composition classique, « Silver Trembling Hands », qui s’apparente à une des réussites de la plaque.
« Embryonic » renferme très peu de compositions traditionnelles, mais finalement, à bien y réfléchir, ce n’est pas ce qu’on n’attend d’un album des Flaming Lips. Un bon conseil, même si vous êtes tenté d’abandonner, ne jetez pas l’éponge après la première écoute. Au contraire, accrochez-vous, vous ne serez pas déçu…
Pays: US
Warner Bros. 9362-49733-8
Sortie: 2009/10/16
Bonjour à tous,
Tout-à-fait d’accord avec l’excellente critique, et de plus, j’ai assisté au concert des Flaming Lips à l’AB, j’ai posté un bel article sur mon blog, avec moulte vidéos, c’est par ici http://fun1959.canalblog.com
Merci et à bientôt