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KEIKI – Waltham holy cross

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Keiki est un duo bruxellois qui se définit comme jouant de la pop satanique. La définition est originale et pourrait faire des émules. On imagine en effet du lounge thrash ou du menuet hardcore. Toujours est-il que derrière cette contradiction dans les termes se cache un couple de musiciens intéressants, un rien décalés, évoluant entre les Kills, Queenadreena et comme ils le disent eux-mêmes, Black Sabbath et Sonic Youth. La recette est simple : une chanteuse (mademoiselle Dominique Van Capellen Waldock, sujet d’origine britannique) et un guitariste programmateur semi-italien (Raphaël Rastelli) qui tripote les boutons de boîtes à rythmes, gratouille la guitare et manipule le thérémine, le plus ancien instrument de musique électronique du monde, inventé en 1919 par un savant russe du même nom.

Keiki réalise ici son deuxième album, après « 10 pieces » (2007). Le petit label Cheap Satanism Records qui les distribue se lance dans l’aventure avec d’autres poulains comme Trike. Il lâche aussi Keiki sur les scènes de la région bruxelloise (avec notamment un concert au Botanique le 17 novembre en première partie de Lem, et un autre show le 14 décembre au VK avec les groupes français Cercueil et Battant).

L’originalité de la musique de Keiki repose fondamentalement sur la personnalité un peu spéciale de ses membres. A 18 ans, Dominique Van Capellen Waldock rencontre Ronnie James Dio et s’en retrouve bouleversée, tant sur le plan affectif que musical, ce qui la pousse à sublimer son amour pour le doom-metal et les chats. Comprends qui peut. Au début des années 90, Raphaël Rastelli sublime quant à lui ses poussées d’acné en fondant Les Jeunes, membre de La Famille, collectif-groupe-secte qui fait les belles heures de la jeunesse rebelle de Wallonie et d’ailleurs. Nous n’avons pas ici affaire à des baby rockers élevés à la Blédine.

L’album de Keiki se compose de seize titres, dont certains ne dépassent pas les cinq secondes, le plus long approchant les quatre minutes (le cristallin « Tiny white flower »). Il y a incontestablement une atmosphère punk derrière ces qualificatifs de pop satanique et un sens poussé de l’anormal. Les paroles sont hallucinantes (« I wash and I wash yet it’s never clean enough » occupent les deux minutes de « Ironing man », clin d’œil caché à Black Sabbath?), les ambiances dépressives et les attaques de guitares peuvent se faire réellement agressives (l’hypnotique « Lottie Johl ») ou maudites (« Vital », qui déploie des accords en quarte augmentée, la fameuse note du diable condamnée au Moyen-âge). Bref, pour faire simple, c’est le pied, pour peu qu’on aime cultiver un certain sens de la neurasthénie et qu’on aime se balader dans les cimetières.

Keiki ne faillit pas à la réputation des duos masculin-féminin qui sont bien souvent excellents, comme les White Stripes, les Kills, les Dresden Dolls. L’énergie et l’inquiétude qu’ils dégagent sur disque devraient en faire de belles attractions scéniques.

Pays: BE
Cheap Satanism Records Cheap666/001
Sortie: 2009/10/19

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