A PLACE TO BURY STRANGERS – Exploding Head
En mai 2008, on découvrait au Witloof Bar du Botanique A Place To Bury Strangers, un trio noisy qui, à l’image de Black Rebel Motorcycle Club, n’y va pas par quatre chemins pour agresser (dans le bon sens du terme) les tympans du public, à l’aide d’un mur du son savamment travaillé. Du moins en concert car sur disque, le premier effort éponyme du groupe nous avait laissés sur notre faim, se révélant un peu trop brouillon à notre goût. Ils sont de retour avec un deuxième album qui porte le doux nom de « Exploding Head »…
Un nom qui va comme un gant au chanteur guitariste Oliver Ackermann, au bassiste Jono Mofo et au batteur Jay Space, surtout qu’ils portent l’étiquette du groupe new-yorkais qui joue le plus fort. Alors que le premier album avait été entièrement réalisé par le groupe, cette fois, ils ont fait appel à un producteur extérieur en la personne d’Andy Smith, qui a notamment collaboré avec David Bowie et Paul Simon.
Sous une pochette sombre et sinistre, on aperçoit toutefois une volonté de composition un rien plus accessible à l’oreille de l’auditeur lambda. Pourtant, à l’écoute de la plage d’intro (« It Is Nothing »), on se dit qu’on est parti dans la même direction shoegazienne proche de The Jesus & Mary Chain et de My Bloody Valentine, si ce n’est qu’ils jouent plus vite que ces deux références du genre. Ce n’est qu’à partir du deuxième titre, l’excellent single « In Your Heart », que les choses commencent à se décanter. La voix d’Oliver Ackermann est claire et limpide alors que les guitares sont (un peu) moins prépondérantes que par le passé, même si elles sont toujours aussi froides et saturées. Et elles sont même légèrement en retrait sur « Lost Feeling », malgré quelques larsens qui émaillent la fin du morceau.
L’intro particulière de « Deadbeat » donne le ton et revient régulièrement sous un déluge de décibels alors que « Keep Slipping Away » se veut plus radiophonique (on dirait du Cure sous amphétamines) avec son loop entêtant. Le sinistre et puissant « Ego Death » est à deux doigts de nous glacer le sang, surtout que les imitations de sirènes à la fin amènent intelligemment une nouvelle dose de puissance sonore. Sur « Smile When You Smile », les arrangements subtils et adoucis permettent d’apprécier à sa juste valeur la voix d’Oliver Ackermann alors que « Everything Always Goes Wrong » cache un réel pouvoir mélodique sous des dehors rustres. On dira la même chose de la plage titulaire, si ce n’est qu’elle est encore un peu plus réussie, avec une basse qu’on dirait sortie tout droit des années 80 et une voix étonnamment parfaite. Petit détail cocasse, on se surprend même à siffloter sur « I Lived My Life To Stand In The Shadow Of Your Heart ». Du moins au début car sur la fin, comme tout bon album noisy qui se respecte, on n’hésite pas à pousser les curseurs dans le rouge.
En tout cas, avec ce deuxième album, A Place To Bury Strangers a grandi et a trouvé un certain équilibre. Ceux qui s’étaient enfuis en courant à l’époque de leur premier opus feraient bien de revoir leur jugement.
Pays: US
Mute Records Ltd. CDSTUMM311
Sortie: 2009/10/12