EIFFEL – A tout moment
Le quatrième album du quatuor bordelais Eiffel n’est pas facile à juger. Porté par un single en roue libre sur les ondes radio, le groupe rappelle sans équivoque Noir Désir, également originaire de Bordeaux. Même look, même verve, même vocabulaire, même sens de la révolte, même propension à évoquer dans leurs paroles des dieux tirés de la mythologie grecque… Il est vrai que les deux groupes se connaissent même s’ils ne sont pas de la même génération.
Mais la comparaison s’arrête là. Une écoute attentive de l’album permet de déceler des compositions délicates, un vrai travail de musicos. Ejectés par leur maison de disque EMI pour motif de non-rentabilité à la fin 2007, les bordelais ont retroussé leurs manches et enregistré leur nouvel album dans le studio personnel de Romain et Clémentine Humeau. Puis ils ont signé très récemment chez Pias.
« Minouche », qui ouvre l’album, aborde des problématiques de société plus actuelles (notamment le fichage). Le single « A tout moment la rue », où Bertrand Cantat est aux chœurs, sonne comme un avertissement aux élites politiques de la France actuelle, et rappelle que le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne s’applique pas qu’aux pays du tiers monde. Avec « Le cœur australie », on rentre dans le vif du sujet avec le premier vrai grand morceau de cet album en acier trempé et sur lequel Romain Humeau fait des prouesses d’écriture.
Mais Eiffel ce n’est pas seulement de l’électricité, c’est également les cordes et cuivres de Joseph Doherty (rien à voir avec Peter…) que l’on entend sur l’intro jazzy de « Je m’obstine », plaidoyer contre le music business (« quand Lagardère me jugera bankable »). Dans « Sous ton aile », le banjo fait son apparition, ainsi que les hautbois de Estelle Humeau (également à la basse sur tout l’album). Enfin, « Clash » est un des grands moments de l’album avec un final à la Led Zeppelin…
Pas de doute, Eiffel a réussi son coup et à en juger par la fréquence des passages du single sur les ondes, le pari est en passe d’être gagné (tant pis pour EMI). A vérifier en concert le 1er décembre sur la péniche Fulmar à Bruxelles.
Pays: FR
PIAS Recordings PIASF 173CD
Sortie: 2009/10/05