WAKEMAN, Rick – The Six Wives Of Henry VIII (Live At Hampton Court Palace)
Vous connaissez évidemment Rick Wakeman, le principal claviériste de Yes. J’écris principal, car il y en a eu plusieurs autres, vu le caractère éminemment volage du gars, enfin musicalement parlant, je veux dire, le reste, j’en sais rien… et cela ne nous regarde pas ! On ne présente plus Sir Wakeman, claviériste prodige ayant atteint le niveau huit au conservatoire Royal de Londres, référence parmi les virtuoses !
Le deuxième opus solo du maître, sorti en 1973, était décrit par l’artiste comme son interprétation des caractéristiques musicales des six femmes d’Henry VIII. Cet album fut logiquement baptisé « The Six Wives Of Henry VIII ». Y participèrent plusieurs collègues de Yes tous virtuoses : Steve Howe, le fidèle Chris Squire, mais également les deux batteurs Bill Bruford et Alan White. Voilà que l’idée de célébrer les 500 ans de l’accession du gros Henry au trône d’Albion vint chatouiller l’esprit de notre ami Rick. Deux concerts au Hampton Court Palace à Londres, et un CD public verront le jour (CD qui sera d’ailleurs suivi d’un DVD et Blue Ray, on ne se refuse rien !).
Vous me direz, « quoi de plus naturel en s’appelant Wakeman que de s’intéresser à la famille Tudor ! « , j’en conviens ! Le problème c’est que le gras souverain n’inspire guère la légèreté, et que la légèreté n’est pas la qualité d’écriture principale de l’ami Wakeman. Rendez-vous compte, pour cette version publique, un orchestre classique, l’Europa Orchestra, un ensemble lyrique baptisé English Chamber Choir seront nécessaires pour mener à bien l’ambitieux projet de notre prodige du clavier. Après écoute, je peux vous dire que la musique de chambre, on en est loin, on nage clairement dans le rock symphonique. Pas moins de sept seconds violons soutiennent les huit premiers violons, dont l’unique tâche est de mettre en valeur le jeu du maestro.
Je me sens quelque peu iconoclaste en écrivant ces lignes, et cela me peine quelque part, car le jeu de Mr Wakeman est tout à fait époustouflant. Il en va de même de celui de son fils, Adam Wakeman qui l’accompagne dans cette folle épopée. Seulement voilà, tout est lourd, lourdingue même, et monotone ! Vous avez l’impression d’entendre tout le temps le même morceau. Et en plus c’est long, mais avec Wakeman, rien n’est rikiki ! Rick aurait au moins pu s’inspirer de son « sujet » sur ce point, il avait le don de raccourcir ses épouses. Rick n’en fait malheureusement rien ! En écoutant ceci, je ne peux réprimer une irrésistible envie d’envahir la Pologne disait Pierre Desproges au sujet des oeuvres de Richard Wagner. On éprouve ici un sentiment qui s’en approche, tant la légèreté de la pièce est proche de celle d’une colonie de panzers sur les pentes de l’Oural.
Rick Wakeman n’étant pas Richard Wagner (même s’ils ont les initiales en commun !), et l’Oural n’étant pas en Pologne, revenons à nos moutons. Quelques trop rares passages au piano rappellent combien le jeu de Rick peut être plaisant, mais l’ensemble est indigeste (enfin, pour moi !). On s’attend en rappel à un bœuf, avec… André Rieu, Richard Clayderman, et pourquoi pas un peu de chant avec Helmut Lotti (tous ces gens étant d’ailleurs d’excellents musiciens, profondément respectables, mais qui ont choisi un registre certes rentable, mais qui personnellement ne m’émeut guère). Rassurez-vous, ce rappel n’est que le fruit de mon imagination torturée. Réservons donc ce disque aux inconditionnels du rock symphonique (qu’ils me pardonnent). Si vous souhaitez prolonger la magie de Yes au travers d’une production d’un de ses membres, jetez-vous plutôt sur un disque tel que « Fish Out Of Water » de Chris Squire, sorti en 1975, vous m’en direz des nouvelles !
Pays: GB
Eagle Records B002AK9LEE
Sortie: 2009/10/05