UNIVERS ZERO – Relaps
Connaissez-vous Univers Zero ? Groupe belge, faisant référence dans le monde de la musique avant-gardiste. De nombreuses formations se déclarent influencées par sa musique, et ce dans le monde entier. Le groupe a été fondé en 1974 par Daniel Denis sur les cendres d’Arkham, trio d’avant-garde, dont deux membres : Daniel et Jean-Luc Manderlier, furent invités à rejoindre Magma et tournèrent deux années durant avec le géant de la Zeuhl. Daniel Denis joua aussi un concert en 1973 avec les brillants représentants néerlandais de l’école de Canterbury : Supersister.
« Relaps » est en fait une compilation d’extraits de concerts enregistrés entre 1984 et 1986 en Allemagne et en Belgique. Pourquoi Relaps ? Et bien ce terme était réservé sous l’inquisition aux accusés qui après avoir été convaincus d’hérésie, et avoir solennellement renoncé à leur comportement hérétique, rechutaient. Inutile de vous dire que la sentence pour ces malheureux était systématique et implacable : livrés au « bras séculier », ils étaient suppliciés jusqu’à ce que mort s’ensuive, et ce avec tous les raffinements dont les tenants de cette sainte institution avaient le secret. C’est sous cette appellation que furent condamnés, entre-autres Jeanne d’Arc, et le grand-maître de l’ordre des Templiers Jacques de Molay. Rassurez-vous, je fais mon intéressant, c’est un ami qui m’a expliqué tout cela (enfin, la signification de relaps !). Pour en revenir à nos moutons, sachez que le second album d’Univers Zéro était intitulé « Hérésie ». Quoi de plus naturel dès lors que d’intituler ces rééditions Relaps ?
Cela dit, « Hérésie » n’est pas du tout concerné ici. Les titres présents sur « Relaps » sont essentiellement issus des albums « Uzed » (1984) pour les extraits enregistrés en Allemagne et « Heatwave » (1986) pour les titres venant du concert du 9 octobre 1985 au foyer culturel de Seraing (avant la sortie du disque). La formation était alors constituée de Daniel Denis (batterie, et compositeur principal), Dirk Descheermaeker (clarinettes et saxophone), Christian Genet (basse) et Jean-Luc Plouvier (claviers). Ajoutez un violoncelliste sur la tournée 1984, André Mergenthaler, et un violoniste pour celles de 1985-86, Patrick Hanappier. Et notons également le retour aux claviers et à la composition d’Andy Kirk sur la tournée « Heatwave ».
La musique d’Univers Zéro est inclassable, ce groupe représente un style à lui seul comme il est écrit dans l’All Music Guide. Nous sommes aux confins du classique, du jazz et du rock. Je pense que vous trouverez plutôt les albums d’Univers Zéro dans les bacs « Jazz » de votre disquaire. « Si Stravinski avait eu un groupe de rock, il aurait sonné ainsi » pouvez-vous lire sur la page d’accueil du site officiel de nos amis. J’ajouterai que si Erik Satie avait dû conduire un jazz-band, c’eût été très proche d’Univers Zero. Ca part dans tous les sens, techniquement complexe, surprenant, mais toujours très mélodieux. Surtout, tout est exécuté avec une virtuosité incomparable. Pas étonnant que nos petits belges aient influencé tant de monde. Leur démarche est proche de celle d’un Frank Zappa !
Nous passons de la très « Etrange Mixture Du Docteur Schwartz », au superbe et planant « Présage », dynamisé à souhait dans cette version publique. Vient ensuite la quasi « Free Jazz » « Parade ». Un intermède délicieux et inédit, enregistré à Dottignies : « Ligne Claire », bien nommée tant la ligne de piano est limpide (comme le trait des dessinateurs de ce mouvement artistique). Malheureusement, on n’a droit qu’à un extrait de ce titre, mais c’est pour nous offrir un magnifique enchaînement dans la même tonalité avec « Emanations ». Un régal ! Nous passons à un titre plus Rock avec « Heatwave », puis du plus classique sur l’obsédant « Funeral Plain » avec sa belle ascension émotionnelle, deux compositions d’Andy. Une version Free Style, de l’étrange mixture, bien différente de celle qui ouvre l’album, clôture cet opus. Ceci laisse à penser qu’Univers Zéro ne doit pas interpréter un morceau deux fois de la même manière.
Tout ceci est très riche et me semble une bonne façon d’aborder la musique de ce grand groupe (les experts me démentiront si besoin). Voilà en tout cas un bien bel objet qui nous fera patienter en attendant la sortie de « Clivages », le nouvel album, prévue pour janvier 2010.
Pays: BE
Cuneiform Records Rune 280
Sortie: 2009/01