SWINDELLS, Steve – Fresh blood
Comment, vous ne connaissez pas Steve Swindells? Rien de plus logique, car ce personnage représente l’exemple parfait du musicien passé à un demi-cheveu de la gloire et retourné vite fait bien fait dans le gouffre de l’anonymat. Il a même ouvert un compte sur www.rateyourmusic.com pour commenter lui-même dans les meilleurs termes son propre album « Fresh blood », sorti en 1980.
C’est en écoutant cet album qu’on comprend pourquoi Steve Swindells a raté le coche de peu, ayant en effet réalisé une petite pépite trop rapidement oubliée.
Remontons un peu le temps. Steve Swindells joue d’abord dans un groupe appelé Pilot durant le milieu des années 70, sortant de son côté un premier album solo en 1974 (« Messages »). Après quatre albums, Pilot abandonne l’avion et Steve Swindells trouve en 1978 une place de claviériste dans les Hawklords, projet parallèle des mythiques Hawkwind, avec lesquels il participe à l’enregistrement et la tournée promotionnelle du disque « 25 years on« . Un an plus tard, les Hawklords sont retournés à la case départ, naufragés à Londres et sans un sou en poche. Dave Brock, leader d’Hawkwind, demande alors à Steve Swindells s’il veut bien reprendre le chant dans Hawkwind, en remplacement de Robert Calvert qui vient de partir. Swindells refuse et tente sa chance en solo.
C’est grâce à quelques relations bien placées et là au bon moment que Steve Swindells atterrit dans les bureaux du label Atco, qui lui offre une chance d’enregistrer un album à New York. Swindells produit le disque lui-même et s’entoure des services de Huw Lloyd-Langton (guitare, ancien de Widowmaker et Hawkwind), Nic Potter (basse, ex-Van Der Graaf Generator) et Simon King (batterie, ex-Hawkwind également). Les enregistrements ne se déroulent pas à New York, mais dans les studios Sawmills en Cornouaille. Ceux-ci ne sont pas au top de la technique et quelques enregistrements supplémentaires sont nécessaires à Londres. Pour cette raison, l’album « Fresh blood » souffrira d’une production médiocre, ce qui n’enlève rien à ses grandes qualités.
En effet, au moment de sa sortie, « Fresh blood » grimpe à la troisième place des charts radio américains. Ce classement n’est malheureusement pas le célèbre Billboard qui détermine les ventes d’albums, mais celui des radios libres qui évalue la diffusion de l’œuvre sur les ondes. « Fresh blood » ne se vend donc pas plus que ça, surtout à cause de l’absence d’investissement d’Atco dans sa promotion. Les gros labels sont en effet souvent des usines qui sortent des disques à tour de bras en ne se préoccupant pas trop de ce qu’il en adviendra. Si le disque marche, tant mieux, sinon tant pis.
L’album de Steve Swindells passe donc à la trappe aussi vite qu’il est arrivé et son auteur ne fait plus parler de lui. C’est une grave injustice, car « Fresh blood » recèle d’excellents titres dynamiques et à mille lieues du progressif planant qui caractérisait les Hawklords. La critique de l’époque a comparé Steve Swindells à un nouveau Springsteen mais il faut plutôt voir dans son style un croisement entre des ambiances Hawkwind et les Stranglers. Nous ne sommes pas ici dans la New Wave mais bien dans un rock nerveux servi par des synthétiseurs. Dès « Turn it on turn it off », premier titre, les rythmiques rapides et les claviers habiles laissent entrevoir le bon moment qui va se passer sur notre chaîne stéréo. L’impression est confirmée avec des chansons bien conçues comme « Fresh blood », « I feel alive » (sorte de Thin Lizzy léger), un « Low life Joe » à grosses guitares avec un chant à la Bowie, le cybernétique « Bitter and twisted » (typique du rock de l’époque) ou les tout simplement magnifiques « Figures of authority » et « Shot down in the night », un final superbe tout en rock urgent.
Le label Atomhenge, qui a réédité le catalogue d’Hawkwind des années 1976-97, continue de ressortir les œuvres connexes liées au célèbre groupe de space-rock et la réédition remastérisée du « Fresh blood » de Steve Swindells est une magnifique occasion pour les fans d’Hawkwind et les amateurs de bon rock eighties de découvrir ou redécouvrir un très bon disque, largement sous-estimé.
Pays: GB
Atomhenge ATOMCD 1015
Sortie: 2009/06 (réédition, original 1980)