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THUNDERCLAP NEWMAN – Hollywood dream

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L’éphémère Thunderclap Newman a réalisé en 1970 un des albums les plus étranges et les plus fascinants de la pop music. Ce trio bizarre composé de deux hippies aux cheveux longs et aux fringues négligées et d’un gros dandy barbu semblant sortir d’Eton sent le montage à plein nez. C’est en effet à Pete Townshend, guitariste des Who, que l’on doit cette étrange association qui ne donnera en tout et pour tout qu’un seul album et quatre singles en 1969-70, année où le groupe disparaît aussi vite qu’il était apparu.

Pourtant, l’impact de Thunderclap Newman dans les hit-parades anglais de 1969 a été énorme puisque leur single « Something in the air » a été propulsé à la première place des charts sans autre forme de procès. Coup d’essai, coup de maître, comme on dit, et voilà le single de Thunderclap Newman en tête des charts pendant trois semaines, entre les Beatles et les Rolling Stones. Dans ce succès, tout le monde a une part de mérite. Pete Townshend a eu le nez creux puisqu’il a flairé de loin des petits génies en puissance en la personne de Jimmy McCulloch (guitare), John « Speedy » Keen (batterie) et Andy Newman (chant et piano). Townshend connaissait déjà bien Speedy Keen puisque ce dernier était son chauffeur et qu’il avait écrit la chanson « Armenia city in the sky » sur l’album « Sell out » des Who en 1967. Il dégotte aussi un personnage pour le moins original, un certain Andy Newman, ingénieur à la poste britannique qui occupe ses dimanches en jouant du piano jazz Dixieland dans les clubs. C’est lui, le gros dandy barbu. Et le dernier élément du trio est un jeune prodige de 15 ans, également trouvé par Pete Townshend : Jimmy McCulloch.

Avec cette équipe bigarrée (un chauffeur, un ingénieur et un adolescent), Pete Townshend se met à la production de leur premier single en 1969. Il tient la basse sous le pseudonyme de Bijou Drains. Le 45 tours « Something in the air/Wilhelmina » qui sort en mai 1969 se retrouve numéro un contre toute attente, ce qui oblige Pete Townshend à continuer d’enregistrer d’autres titres avec ses poulains dans le but de sortir un album complet. Mais comme l’emploi du temps de Pete Townshend est très chargé (la tournée mondiale qui doit promouvoir « Tommy » démarre précisément à l’été 1969), ce dernier ne reviendra sur les œuvres de Thunderclap Newman que bien plus tard en 1970. L’album « Hollywood dream » ne sortira qu’en septembre 1970, à une époque où tout le monde a oublié Thunderclap Newman. L’album ne rencontre qu’un succès d’estime et le trio se sépare peu après.

Andy Newman sortira un album solo en 1971 avant de retourner dans l’obscurité. John Keen (1945-2002) se tourne vers la production et Jimmy McCulloch, après un court passage dans le groupe Stone the Crows, trouve une place à la mesure de son talent chez les Wings de Paul McCartney, dont il deviendra le guitariste attitré jusqu’en 1977. Il rejoint alors les Small Faces reformés et participe ensuite à des projets tels que Wild Horses ou The Dukes. Il décède accidentellement en 1979 d’une overdose d’héroïne à l’âge de 26 ans. Sort cruel pour un guitariste extrêmement doué à qui il convient de rendre hommage.

Pour revenir à ce fameux album de Thunderclap Newman, il faut aussi signaler les grandes qualités de ce disque. Belles chansons, parfois dignes des Beatles (« Something in the air », « Hollywood # 1 », « The reason », « When I think ») et surtout des parties de guitares extraordinaires de Jimmy McCulloch, qui apporte à des chansons comme « Look around » ou « Accidents » une fougue électrique du meilleur effet. Ce titre, « Accidents » est tout simplement fabuleux. C’est une cohabitation des Beatles et des Who avec un Jimmy McCulloch invincible à la six-cordes. L’album de Thunderclap Newman est réédité par le label Esoteric Recordings qui ajoute des titres bonus consistant en des faces B inédites et des versions de l’album modifiées pour la version 45 tours. Avec un beau livret bien documenté, c’est un excellent placement pour ceux qui veulent redécouvrir ce groupe hautement sous-estimé.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2149
Sortie: 2009/08/24 (réédition, original 1970)

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