PASSE MONTAGNE – Oh My Satan
Passe Montagne est un projet d’origine nantaise. Les spécialistes rangent leur musique dans le math rock, genre musical alternatif dont les formations se plaisent à bousculer les conventions en changeant l’architecture traditionnelle du rock, modifiant fréquemment les tempos et la rythmique des mesures. Complication mathématique d’où l’appellation math rock. D’autres les classent dans le noise rock. Je souscrirais plus volontiers à cette seconde idée, car dans l’art de faire du bruit, il est flagrant que Passe Montagne excelle !
Le groupe se présente sous forme d’un trio constitué de deux guitaristes (Samuel Cochetel et Gilles Montaufray) et d’un batteur (Julien Fernandez) du groupe Chevreuil, un des tenants français du math rock et propriétaire d’African Tape, maison qui produit justement l’album dont il est question dans les lignes qui suivent (non mais quelle coïncidence alors!). Julien vit actuellement en Italie et doit donc régulièrement traverser les Alpes pour rejoindre les autres musiciens, d’où l’origine supposée du nom du groupe.
« Oh My Satan » est le deuxième disque de la formation et fait suite à « Long Play » sorti en 2005. Je n’ai pas écouté le premier opus, mais celui-ci eût pu s’intituler Short Play, en effet, il ne dure que 21 minutes. Le tout se présente comme une série de courts instrumentaux pour le moins tranchants. Bruyants les titres, je vous l’ai déjà laissé entendre. Et c’est le moins que l’on puisse dire, l’ami Julien martèle sa batterie dont il doit probablement régulièrement changer nombre de fûts entre les séances d’enregistrement et les répétitions. Les guitaristes ne sont pas en reste, balançant leurs accords distordus à une cadence infernale, illustrant à merveille le titre de l’album. Epileptiques s’abstenir (sans blague, faites gaffe!). De l’énergie dans ce truc, il y a en a à revendre. Passe Montagne… surtout faut qu’ils évitent de jouer au pied du mont blanc, avec une telle musique, ils nous creuseraient un autre tunnel !
L’énergie, ce n’est donc pas ça qui manque, la vitesse d’exécution des musiciens est également impressionnante. Seulement voilà, je vais une nouvelle fois faire preuve de ma plus haute incompétence dans le domaine de la musique expérimentale, mais je ne comprends pas bien où nos gaillards veulent en venir. Bien sûr, l’anticonformisme a quelque chose de séduisant, sortir des sentiers battus, creuser de nouvelles pistes est tout à fait louable. Les artistes qui ont fait avancer la musique ou toute autre discipline ont dérangé les critiques conservateurs de leur époque. Les fondateurs du rock’n’roll, mais aussi des gens tels que les Beatles, les Who, Led Zeppelin, Peter Gabriel, Robert Fripp, Frank Zappa ou plus récemment Faith No More, Rage Against The Machine ou The Mars Volta font partie de ceux-là (on pourrait en citer des dizaines d’autres!). Mais ici Passe Montagne balaie toute structure dans la musique qu’ils proposent. Pas de mélodie, aucun thème, de variations non plus. Sous l’impulsion de leur batteur fou, ils nous assènent frénétiquement des coups de massue, accords joués le plus vite et le plus fort possible. Quand l’auditeur masochiste (pour reprendre l’expression d’un confrère) est à la limite de la rupture, notre petit monde se calme et joue un riff ou l’autre parfois emprunté d’un classique (sur « La loi c’est la loi », j’ai cru reconnaître un passage de « Won’t get fooled again »), avant d’atteindre la cacophonie. Mwouais, n’étant pas maso, j’ai un peu de mal. J’ai écouté le disque à de nombreuses reprises et je ne parviens toujours pas à « rentrer dedans ».
Pour ne rien vous cacher, je me suis tapé l’audition de cette galette en voiture, résultat : j’ai écrasé trois chats et ma voisine ! Sans rire, rassurez-vous ma voisine se porte très bien et les chats n’ont pas eu le temps de souffrir. Trêve de plaisanterie, l’album a beau être court, vingt minutes de bruit, c’est quelque peu crispant. A propos des Who, j’ai lu quelque part que « Tractor Operator » pourrait être un pastiche de l’intro de « Who’s next ». Il est vrai qu’un des guitaristes joue sur le haut du manche au-dessus de la barrette une suite rapide de notes ressemblant un peu à celles jouées par Pete Townsend sur son synthé, mais la comparaison s’arrête là, ça ne m’a pas rendu baba (oh, really) ! Si vous tapez le nom de l’album sur un moteur de recherche, vous trouverez moult chroniques à son sujet, souvent très élogieuses. C’est dire si l’œuvre intéresse du monde et que ma modeste bafouille fait tache. Désolé d’aller à contre-sens des amateurs, mais ayant accepté de chroniquer ce disque, je me dois d’être honnête et écrire ce que je ressens réellement. Amis lecteurs, ne vous arrêtez donc pas à ce papier, pour vous faire votre opinion, écoutez (les extraits proposés sur le site myspace du groupe sont assez représentatifs de sa musique). En conclusion, voici donc un album à réserver aux amateurs de noise ou de math rock.
Pays: FR
Africantape ATT03/RUM039 / Mandaï Distribution
Sortie: 2009/04/06
Tout à fait d’accord avec toi. Ce disque est nul et je ne comprend pas les éloges que l’on en fait parfois sur le net.