DEVIANTS – 3
Esoteric Recordings achève la trilogie des albums des Deviants avec la réédition de « 3 », faisant ainsi œuvre de salut public en proposant aux auditeurs du 21e siècle ces pièces avant-gardistes parues dans les années 60. Après les albums « Ptooff!« (1967) et « Disposable« (1968), les Deviants sortent leur album le plus achevé, produit par le chanteur Mick Farren, également patron du groupe. Le groupe se compose alors de Mick Farren (chant), Duncan Sanderson (basse), Russell Hunter (batterie) et Paul Rudolph (guitare), qui remplace Sid Bishop.
Ce troisième album appelé « The Deviants 3 » attire d’abord l’œil avec sa pochette représentant une bonne sœur au visage de mannequin suçant une glace multicolore plutôt phallique, un sale gamin faisant la même chose à ses pieds. Le beat-punk angoissé retrouve sa place avec « Billy the monster », excellent morceau qui ouvre les hostilités. Mais rien ne vaut le formidable « Broken biscuits », titre garage-punk emmené à toute vitesse par une batterie annonçant les boîtes à rythmes des années 80. Un titre en avance sur son temps. A part « Rumbling transit blues » et « Metamorphosis exploration », tous les autres morceaux ne dépassent pas les trois minutes. C’est toujours le même délire non conventionnel qui préside aux développements, mais l’album est bien construit, les musiciens maîtrisant mieux leurs instruments (« First line », « Rumbling black transit blues »). La face 2 de l‘album est un peu plus folle, plus Zappa, avec un invraisemblable solo de langue (« Black George does it with his tongue ») ou des parties de rigolade malheureusement placées devant un micro et une table de mixage (« The Junior narco rangers », « Let’s drink to the people »). Le dernier titre « Metamorphosis exploration » est une longue suite progressive garage qui ferait perdre les pédales à un moine bouddhiste ayant relu Léautaud. Il est bien évident que cet album comme ses prédécesseurs ne connaîtra aucun succès commercial et sera le dernier des Deviants, qui splittent au cours d’une tournée américaine (quand même!).
Russell Hunter, Duncan Sanderson et Paul Rudolph formeront les Pink Fairies avec Twink (ex-Tomorrow) pour entrer dans la légende avec des albums déglingués comme « Never neverland » (1971), « What a bunch of sweeties » (1972) ou « King of oblivion » (1973). Mick Farren se met à son compte et sort un premier album solo en 1970, « Mona: the carnivorous circus », suivi quelques années plus tard par le farfelu « Vampires stole my lunch money » (1978). Il reformera les Deviants en 1984 pour un album live avec le concours inestimable de Wayne Kramer, précédemment dans les MC 5.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2120
Sortie: 2009/04/27