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ROSA LUXEMBURG – I & II

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Groupe français essentiellement familial (deux frères, leur sœur et un cousin sur les cinq membres), Rosa Luxemburg doit son nom à la militante communiste et révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg, née en Pologne en 1871 et assassinée en 1919 pendant la Révolution allemande lors de la Révolte spartakiste de Berlin (le mouvement spartakiste était l’ancêtre du parti communiste allemand). Récemment, en 2006, la comédienne Anouk Grinberg a lu des lettres de Rosa Luxemburg écrites à ses amies (Luise Kautsky, Sonia Liebknecht…) pendant ses détentions, sous le titre de Rosa, la vie au théâtre de l’Atelier à Paris.

Ce premier album de Rosa Luxemburg se présente en deux chapitres, d’où son titre. Le premier chapitre, intitulé « Révolutions » est une suite en 8 tableaux consacrée à la vie et l’action de Rosa Luxemburg, tous ces titres tournant autour des 3 minutes. L’intro instrumentale, « Ouverture 1871 », est très réussie, d’abord tout en finesse puis plus énergique et l’on y découvre déjà des guitares et une basse intéressantes, dont le morceau suivant, « Rosa », confirme la haute tenue. Hélas, on y découvre aussi un chant dans la lignée des comédies musicales françaises de ces dernières années, et ceci va s’avérer tel tout au long de l’album, « Le frisson des anges » en étant un parfait exemple. Cette dualité entre parties ainsi chantées et parties instrumentales plus rock installe une dichotomie dans le ton général de l’album, qui le dessert bien plus qu’il ne le sert.

Instrumentalement, les bases sont souvent acoustiques, ce qui confère une légèreté avenante, puis les soli de guitare s’envolent ensuite sur des rythmes plus soutenus, tendance hard et/ou métal. « Spartakus », instrumental acoustique inspiré, démontre sans ambages les qualités des guitaristes, responsables des meilleurs moments de l’album. Influencés par Dream Theather (« Metropolis II »), Transatlantic, Spock’s Beard, Tenacious D, mais aussi par Jonasz, Voulzy, Balavoine et Goldman entre autres, les guitaristes livrent des soli très enlevés ou plein de feeling, comme dans « Dans tes yeux ». Sachez que le guitariste Pipo joue des reprises acoustiques de Dream Theater, qui sont approuvées par Mike Portnoy lui-même et parfois diffusées lors de certains concerts, ce qui atteste de sa qualité dans le domaine des six cordes. Les guitaristes sont très bien soutenus par le très bon bassiste et le batteur, ce dernier paraissant toutefois parfois trop timide. Tous les titres de ce premier chapitre s’enchaînent sans pause, ce qui renforce la dimension de mini opéra pop pour cette première partie de « I & II ».

Le deuxième chapitre se nomme « Avancer vers demain » et est constitué de 4 morceaux dont deux de quelques 9 minutes chacun. Le côté comédie musicale française s’estompe un peu pour prendre une structure plus progressive. « L’attente hâtive » démarre avec de l’acoustique, puis arrive la partie vocale sans beaucoup d’éclat et ensuite une guitare aérienne et pleine de feeling avant de terminer à nouveau en acoustique. « L’architecte » varie les climats acoustiques avec une partie délicate et très pure de flûte traversière qui alterne avec le chant et les soli de guitare, « Nos âmes perdues » est entièrement acoustique et chanté, « Le changement » intègre du piano et plusieurs rythmes différents dans ses presque 10 minutes.

Si Madame Luxembourg était révolutionnaire, « I & II » ne l’est pas et oscille très largement entre comédie musicale française et rock progressif à tendance légèrement métal, essentiellement dans les parties instrumentales, et toujours prédomine le sentiment de passer de la chanson française au rock progressif sans que la combinaison des deux n’arrive à maturité et emporte donc notre adhésion. Côté positif, on notera un son et un mixage sans défauts, des musiciens confirmés dont un guitariste talentueux, des arrangements efficaces, un thème original et d’actualité, des compositions qui tiennent la route. Côté négatif, le chant, bien que juste et tout à fait correct, est faible par rapport aux parties instrumentales et évolue dans un genre trop typé, qui dénote avec les parties plus enlevées de l’album. Le risque pour « I & II » est en effet de paraître trop hard pour les amateurs de chanson et comédies musicales françaises, trop mièvre pour les amateurs de prog-metal.

En conclusion, un premier album qui laisse entrevoir pas mal de qualités et un potentiel certain, mais pour lesquels il reste à définir une stratégie et une direction musicale cohérente qui permettrait à Rosa Luxemburg de proposer une œuvre plus aboutie.

Musiciens :

  • JB – basse, guitares, chant
  • Marie-Catherine – chant
  • Minouche – guitares, claviers , chant
  • Pipo – guitares, chant
  • Laurent Guillot – batterie
  • Louise Vignes – flûte

Liste des morceaux:

Chapitre I

  1. Ouverture 1871 02:36
  2. Rosa 02:53
  3. Barricade 03:08
  4. Le Frisson des Anges 02:57
  5. Spartakus 02:44
  6. La Commune de Berlin 02:10
  7. Dans tes Yeux 03:47
  8. J’étais, Je suis, Je serai 03:38

Chapitre 2

  1. L’Attente Hâtive 04:11
  2. L’Architecte 09:00
  3. Nos Ames Perdues 03:29
  4. Le Changement 09:48

Pays: FR
Spartakus Musique
Sortie: 2009/04/20

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