STORMNATT – The Crimson sacrament
Il me revient la lourde tâche de chroniquer le dernier album d’un groupe de black metal. Difficile, le black metal. Style extrême entre les extrêmes, celui-ci ne se laisse pas pénétrer facilement. Autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas un fan de black. Je suis même complètement imperméable au genre. Après moult efforts à coups de Cradle Of Filth, Immortal ou Watain, je reste dubitatif. Ces mecs-là sont-ils vraiment des musiciens? Savent-ils faire autre chose que de prendre un manche de guitare pour un balai de sorcière et tourner des clips vidéo où ils courent dans une forêt de sapins, peinturlurés en noir et blanc? Je n’aime pas. Non pas que je n’ai rien contre Satan, il fait son job, c’est tout (en ce moment, ça marche même bien, vous ne trouvez pas?). Mais je considère que la musique du diable, elle vient du blues, un point c’est marre. Robert Johnson attendant le démon à un carrefour de chemins une nuit de pleine lune pour obtenir le secret de la guitare, ça, c’est le pied. Il y a plus d’angoisse dans un riff de Jimmy Page que dans toute la forfanterie musicale développée par les groupes de black. Oh, je ne juge pas à la légère, je me suis enfoncé dans le dossier. J’en reviens avec un seul groupe qui me plaît, Emperor. Et aussi l’idée que les goûts musicaux sont subtils. Le death metal, par exemple, j’aime bien. Mais le black, je n’y arrive pas. Pourtant, je voue un culte absolu à Celtic Frost, le groupe le plus influent de ces deux genres. Et le premier qui touche à Slayer a affaire à moi. Mais le black, désolé. Même pas peur.
Alors que dire pour vous parler du deuxième album de Stormnatt? Pour les fans absolus, rien que de savoir que ce groupe autrichien sort un deuxième album suffira à les faire courir chez le premier disquaire venu pour en faire l’acquisition. Donc, si je dis que c’est nase ou que c’est bon, ceux-là s’en foutent, ils l’achèteront de toute façon. Pour ceux qui n’aiment pas, si je dis que c’est nase ou que c’est bon, ils n’achèteront pas. Donc, on est dans l’impasse. Comment propager un genre qui a ses aficionados et ses détracteurs armés à égalité, étant entendu qu’aucun des deux camps ne changera d’opinion?
Je vais donc m’adresser aux fans de black, quels qu’ils soient, et en espérant qu’ils écoutent autre chose et surtout en espérant qu’ils se considèrent comme des fils du metal, celui de Black Sabbath, d’Iron Maiden ou même de Metallica. Mes chers amis, achetez le dernier Stormnatt, qui ne déroge pas aux plus pures règles du black metal. Mais promettez-moi de savoir de quoi vous parlez quand vous parlez de votre genre préféré. Ne pensez pas que Bathory est le groupe qui a tout créé, souvenez-vous de Celtic Frost, Venom, Black Sabbath, Mercyful Fate (les vrais génies de l’affaire) et même Blue Öyster Cult. Adorez le Malin si vous voulez mais rappelez-vous que vous ne ferez jamais peur aux bourgeois en brûlant des églises en rondins au fin fond de la Laponie. Les Sex Pistols ont fait plus de ravages en gueulant « God save the queen » sur un bateau mouche au milieu de la Tamise qu’une bande de gusses repeints comme Kiss mais pas tout à fait pareil pour éviter d’avoir un procès et qui beuglent des textes inintelligibles sous une pluie d’accords barrés soutenus par une batterie cognant à 4000 coups/minutes. La révolte des black métalleux est déplacée, elle tourne en circuit fermé. S’ils se retrouvent dans cette musique, respect total. Je préfère quand même des gens qui sombrent dans le black metal pour conjurer leur mal de vivre plutôt que des types qui écoutent Tokio Hotel en croyant que ça va faire peur à leurs parents.
Ca doit être une question de génération, en fait. Nous n’avons pas appris le chaos dans les mêmes écoles, c’est tout. C’est une question de point de vue. Moi, ce qui me fout les jetons, c’est une bonne frousse suggérée dans des films d’horreur gothique des années 30 ou 50. De la boucherie comme « Saw » ou « Hostel », je trouve ça moins convaincant. Pour moi, la véritable horreur n’arrive pas en fanfare, elle s’insinue. En cinoche comme en musique. Mais comme le black metal est une des paroisses du metal, je ne vais pas mitrailler le genre à froid, mais juste suggérer que tout le monde reste conscient de ses racines mutuelles.
On comprendra donc mieux la note ni bonne ni mauvaise donnée au disque de Stormnatt car ceux qui aiment aimeront et ceux qui détestent détesteront.
Pays: AT
Ashen Productions AP 020
Sortie: 2009/03/22