COXON, Graham – The Spinning Top
Voici déjà quinze ans que résonnait pour la première fois la voix de Graham Coxon sur un enregistrement officiel (« Red Necks », la face B de « End Of A Century ») et plus de dix qu’il a entamé sa carrière solo (son premier album, « The Sky Is Too High », est sorti en 1998). D’abord parallèlement à son rôle de guitariste au sein de Blur, puis à temps plein suite à son départ du groupe en 2002. Depuis, Damon Albarn et lui se sont réconciliés mais cela ne l’empêche pas de sortir son septième album, « The Spinning Top », quelques semaines avant la tournée de reformation des légendes de la Britpop.
Un album qui arrive trois ans après l’impeccable « Love Travels At Illegal Speeds« , qui reste à ce jour son album le plus abouti et le plus accessible, tout juste devant « Happiness In Magazines« en 2004. Car il faut bien avouer qu’avant, il s’était réfugié dans une sorte de folk expérimental underground qui tranchait radicalement avec son job principal. Depuis, sa trajectoire (et son succès en tant qu’artiste solo) n’a fait que suivre une courbe ascendante.
Ce nouvel album marque toutefois un retour vers un son plus calme. Il a en effet troqué sa guitare électrique contre une acoustique, un instrument qu’il a déjà manié voici quelques semaines lors de l’enregistrement de « Grace / Wastelands« , l’album de Peter Doherty (c’est en effet Graham Coxon qui s’occupe de la six cordes sur la quasi-totalité des titres). On pourrait même imaginer qu’il s’agit du prolongement naturel de l’album signé par l’icône controversée du rock britannique. La comparaison ne s’arrête pas là puisque c’est également le très disponible Stephen Street qui s’est occupé de la production. Et quand on découvre qu’il s’agit d’un album concept dont l’objet raconte la vie d’un homme depuis sa naissance jusqu’à son dernier souffle, on est encore plus intrigués…
Cela débute en douceur avec « Look Into The Light », une ballade country folk qui permet de profiter pleinement de la voix de Graham Coxon, vu qu’elle est particulièrement mise en valeur sur ce genre de composition. Ce sera d’ailleurs une constante tout au long de la plaque, à de rares exceptions près. Cela peut paraître surprenant au départ, mais on se prend rapidement d’affection pour des titres comme « This House » ou « Brave The Storm ». « In The Morning », avec ses huit minutes est un morceau ambitieux qui nous emporte dans un univers improbable entre Johnny Cash et Simon & Garfunkel, tandis que « Sorrow’s Army » fait penser à du Bob Dylan. Autre moment curieux, « Perfect Love », qui est un autre bijou folk aux relents de bossa nova.
Heureusement, il nous réserve malgré tout quelques titres (un peu) plus enlevés comme « Dead Bees » ou « Humble Man », qui se rapprochent un peu plus de ce à quoi il nous avait habitués et qui nous permet d’imaginer quelque peu la suite des aventures de Blur, si toutefois ils enregistrent un album après les retrouvailles scéniques. « If You Want Me » commence un peu à la manière du dépressif Nick Drake mais se termine avec des envolées bien plus joyeuses grâce à une batterie efficace (et bienvenue). Cela dit, ce disque a malgré tout un défaut, c’est qu’il se révèle un peu long et l’ennui pointe le bout de son nez sur la fin. Personnellement, je le préfère lorsqu’il manie une guitare électrique, mais cela n’enlève en rien la qualité des compositions pop folk qui jalonnent la plaque. Voici un artiste qui ose se remettre en question…
Pays: GB
Transgressive TRANS102
Sortie: 2009/05/11