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BAROQUE – La fiaba della buonanotte

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Une petite bombe rock rafraîchissante, voilà comment traduire l’arrivée de cet album dans le paysage rock actuel. Baroque est un jeune groupe turinois, qui a déjà acquis une solide réputation dans leur région, tant à cause de la qualité de leur musique que par leurs shows énergiques. Alimenté par des influences aussi diverses que celles de Queen, Queens of The Stone Age, Bach, David Bowie, Van Beethoven, Rammstein, Branduardi, Django Reinhardt, Pachelbel, Jarre, Daft Punk, Mott The Hoople, Lou Reed ou Caruso parmi bien d’autres tout aussi éclectiques, ce quatuor italien nous emmène dans une œuvre rock riche et variée, dense et jouissive, dynamique et délicate, puissante et légère à la fois.

Les quatre musiciens de Baroque nous transmettent immédiatement leur sens de la musicalité en mettant leur talent au service de leurs compositions sans qu’on n’ait jamais l’impression d’un passage superflu ou d’une longueur gratuite. Les 13 titres (12 annoncés, le dernier caché) de ce premier album de Baroque totalisent 51 minutes et tournent tous autour des 4 minutes, à l’exception des premier et dernier morceaux, plus courts. C’est dire que proposer une musique à chaque fois aussi riche en ce laps de temps témoigne d’une créativité réelle et constante, et d’un sens de l’arrangement efficient.

Avec son titre, « Overture » sert évidemment d’intro (courte) à l’album et débute avec un piano accompagné de claviers et donne tout de suite une dimension théâtrale à cette ouverture comme seuls les Italiens peuvent le faire. S’enchaîne ensuite « Batracomiomachia », résolument rock, avec intro basse et batterie, chant accrocheur et guitare inspirée. « La fiaba della buonanotte » est entièrement chanté en italien et on se rend vite compte de la richesse vocale de Matteo Tambussi et des chœurs de deux de ses acolytes, ce qui ne se démentira pas un seul instant par la suite, comme le démontre par exemple « Cenere ». « (me) Mento » contient une référence directe au 1er album de Queen au milieu du morceau en scandant « Liar », un des titres préférés des fans de la première heure de Mercury et sa bande.

L’approche de Baroque fait irrémédiablement penser à celle de Beggars Opera, génial groupe des années septante qui proposait un rock intégrant de la musique classique (écoutez leur « Act One », vous serez conquis), mais tout en restant très rock. Baroque pratique de la même façon, en y ajoutant des éléments progressifs et des breaks, mais en restant d’abord essentiellement un groupe de rock. Ainsi « Sherzo n°1 in Re Min » et le sublime instrumental « Santa Pazienza » reprennent-ils des passages classiques, mais aussi folkeux, en alliant générosité, force, humour et fantaisie, comme seuls peuvent le faire les Italiens avec leur sens consommé du théâtre.

Le chant de Tambussi est à l’aise partout, puissant sans être rageur ou forcé, la guitare se révèle incisive, mais aussi subtile, autant en rythmique que dans les soli, la section basse batterie assure avec énergie et sans aucunes failles. Les claviers soulignent et renforcent avec tact et élégance ce rock direct et subtil à la fois, dans une démarche similaire à celle de l’excellentissime Phideaux, quoique ce dernier soit plus progressif dans sa texture musicale. Aucun titre n’est faible, et les 51 minutes de « La fiaba della buonanotte » défilent dans un pur bonheur total. Le 13e morceau, caché, est du rock punky et catchy avec un son de basse digne de Jean-Jacques Burnel des Stranglers. Il est clair que ce premier album de Baroque laisse présager de la dimension live du groupe, qui doit dégager son lot d’énergie communicative sur scène.

Voici un album rock qui déborde d’enthousiasme communicatif, qui est varié et riche, mais en gardant une unité de ton, avec des riffs puissants et un chant expressif, empruntant ci et là des colorations classiques, progressives et folk. Baroque est un groupe de rock éclairé, dévastateur, probablement un peu allumé (mais l’extravagance n’est-elle pas un paramètre rock, à quelque dose que ce soit …), qui a une envergure transfrontalière et son premier album fait montre d’une maturité rare. Le chant en italien leur confère une note exotique, mais limite aussi leur impact sur la scène internationale, c’est sans doute là le seul point discutable de « La fiaba della buonanotte ». Pour le reste, cet album plein de personnalité devrait mettre d’accord les amateurs éclairés et intergénérationnels de rock, métal et prog. Infiniment jouissif.

Musiciens :

  • Stefano Tiozzo – claviers, guitares, chant
  • Matteo Tambussi – chant, guitare
  • Alberto Ghigo – basse, chant
  • Alessandro Ghigo – batterie

Liste des morceaux :

  1. Overture 1:26
  2. Batracomiomachia 4:25
  3. Memento 3:50
  4. Nera 3:19
  5. Scherzo No 1 In Re-Minore 4:05
  6. La Corte Degli Scontenti 3:18
  7. Santa Pazienza 4:48
  8. Cenere 4:17
  9. Operetta No 1 La Demoniaca 3:39
  10. La Regina Nera 4:41
  11. La Carie 5:26
  12. Oniricausto 4:53
  13. Boris Bestiarius 2:54

Pays: IT
Musea Records MP3079
Sortie: 2009/03/25

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