SCHENKER – PATTISON SUMMIT – The Endless Jam
Composé de Michael Schenker (Scorpions, Michael Schenker Group, UFO), guitare « lead », Davey Pattison (Gamma, Robin Trower), voix, Aynsley Dunbar (UFO, Journey, Jefferson Starship, Pat Travers, Whitesnake), batterie, et Gunter Nezhoda (Pat Travers, Leslie West), basse, Schenker – Pattison Summit interprète ici des versions de classiques des années 60 à 80. Leslie West (Mountain, West, Bruce & Laing), guitare, slide, vient en renfort sur deux titres (il vient au Spirit of 66 de Verviers le 12 mai). L’album est produit par Mike Varney, qui a notamment produit Pat Travers.
Difficile de ne pas verser dans un historique complet de la genèse du British blues rock pour ce genre de CD qui retrace principalement la carrière de Michael Schenker, mais aussi celle de ses compagnons d’armes. Pour faire court (ou moins long ?), nous en donnerons l’essentiel au fil des titres, quand c’est nécessaire pour situer le contexte.
Titre composé par les Yardbirds Jim McCarty, Keith Relf et Paul Samwell-Smith en 1965, le très classique « Shapes Of Things » met en valeur la guitare de Michel Schenker mais surtout la batterie d’Aynsley Dunbar, fondateur du groupe Aynsley Dunbar Retaliation en 1969. Ce groupe produit par John Mayall n’a pas eu une grande influence mais il lui a permis de se faire connaître et de se faire apprécier par ses pairs. Batteur très recherché, il a été fort influencé par le jazz et par Keith Moon. Il a joué avec beaucoup de très grands : Champion Jack Dupree, John Mayall’s Bluesbreakers, Jeff Beck, Frank Zappa et même David Bowie. Il a aussi fait partie de UFO, Journey, (Jefferson) Starship et Whitesnake, qui ne sont pas non plus de minces références.
A part constituer un hommage posthume à un autre tout grand, on peut se demander ce que vient faire dans cette rétrospective « Hey Joe », composé par Bill Roberts et rendu célèbre par Jimi Hendrix en 1967, de même que « Pearly Queen », composition de Jim Capaldi et Steve Winwood, en 1968, du temps de Traffic. Cependant, tout le savoir-faire du chanteur et des instrumentistes y est remarquablement mis en valeur. Rien que pour cela, ils ont leur place sur ce CD.
Que dire alors de « A Whiter Shade Of Pale » ? Qui ne connaît le célèbre classique de Gary Brooker et Keith Reid avec Procol Harum en 1967 ? Tout banquet privé, tout bal populaire se délecte de ce « slow » irrésistible. Il faut simplement se rappeler que Robin Trower en faisait partie et que Davey Pattison a chanté dans son groupe, quand James Dewar est parti.
Composé par Gail Collins, la femme de Felix Pappalardi, qu’elle tuera accidentellement quelques années plus tard, Corky Laing, Felix Pappalardi et un certain Weinstein dont j’ignore le prénom, « Never In My Life » contient une passe d’armes mémorable entre Michael Schenker et Leslie West. C’est un des meilleurs titres de l’album. C’est aussi l’occasion de voir que Gunter Nezhoda, bien que moins connu, est un très bon bassiste.
« Long Misty Days » est une composition de James Dewar et Robin Trower en 1976. Son mérite est de faire apparaître toute la maîtrise de Michael Schenker et la capacité vocale de Davey Pattison. Sur « I Got The Fire », composition de Ronnie Montrose en 1974, c’est le contraire : ici, c’est la section rythmique qui prédomine, au début en tout cas. Après, le guitariste reprend ses prérogatives, mais le rythme imprimé par la paire Nezhoda – Dunbar est tout simplement imparable. Un grand moment !
Pour ne pas être en reste, la très belle mélodie de « Voyager », une composition signée Ronnie Montrose – Davey Pattison, du temps où ils faisaient partie de Gamma en 1980, permet à ce dernier d’exhiber son chant très nuancé. C’est exactement pareil dans la composition de Andy Fraser, Paul Rodgers et Paul Kossoff du Free, « The Stealer », remarquable chanson de 1971. Il est très difficile de succéder à Paul Rodgers au chant (et Pattison n’y réussit pas vraiment).
Leslie West joue magnifiquement de la slide sur « Theme For An Imaginary Western », une composition de Pete Brown, qui a composé les paroles de quelques titres pour le Cream, et de Jack Bruce (Alexis Korner’s Blues Incorporated, Graham Bond, John Mayall’s Bluesbreakers, Manfred Mann, Cream, Jack Bruce & Friends, West, Bruce & Laing) en 1970. Enfin, « Built For Comfort » est un hommage à Willie Dixon, qui est l’auteur de ce titre de 1960, repris par Pat Travers en 1992. La boucle est bouclée.
En énumérant des noms aussi prestigieux, tant au niveau des compositeurs que des instrumentistes, on pourrait s’attendre à un résultat brillant. Pourtant, à part « Never In My Life » et la remarquable trilogie « I Got The Fire » – « Voyager » – « The Stealer », on reste sur sa faim, non pas que le CD soit mauvais, mais il est en deçà de l’attente.
Pour les plus jeunes, ce sera l’occasion de faire un voyage au sein des origines du rock et de voir que les contemporains n’ont rien inventé et que le monde du rock, principalement britannique dans ce cas, même si Schenker est allemand, est riche de son histoire. En retraçant son cheminement interne, Schenker – Pattison Summit y apporte son interprétation personnelle de classiques qui ont fait leurs preuves il y a longtemps. De plus, il ne faut pas se leurrer, les fans de Michael Schenker et de Davey Pattison seront ravis. Les autres préféreront sans doute les versions originales.
Pays: UK
Mascot Records / PiaS M 7093 2
Sortie: 2004/04/26