QUEENSRYCHE – American Soldier
Après la fameuse suite « Operation: mindcrime II« (2006) et un album de covers, Queensrÿche revient avec un nouvel opus studio qui est à nouveau un concept-album. C’est en discutant avec son père, un militaire de carrière, que Geoff Tate a eu l’idée de ce concept. Bien sûr, le groupe a clairement affiché son anti-Bushisme, ce n’est donc pas une apologie à la guerre. L’histoire nous permet de nous mettre dans les bottes (d’où la pochette) d’un militaire américain, car eux aussi sont finalement des victimes de la guerre.
C’est ainsi que cet album nous fait traverser les états d’âmes de ces soldats au cours des différents conflits. Cela va de la séparation avec leur famille, en passant par l’inquiétude de ne pas revenir, jusqu’à l’obéissance, souvent aveugle, aux ordres de leurs supérieurs, et l’instant où ils doivent choisir entre tuer ou être tué, geste qu’ils doivent faire simplement parce qu’on leur a dit que c’était le bon. Cela nous parle aussi des aviateurs et des bombes qu’ils lâchent, du risque pris pour sauver un collège blessé, des derniers mots d’un soldat mourant, bref de l’enfer de la guerre. Le tout nous est proposé avec un livret bien conçu, contenant toutes les paroles afin de mieux suivre.
Si à la première écoute l’album ne semble pas trop vous accrocher, c’est parce qu’il vous faudra vous plonger dans l’ambiance, vous imbiber du concept, afin de mieux vous y sentir. Après quelques écoutes, vous ne pourrez plus quitter cette pépite dont les mélodies sont puissantes, les rythmes tendus et dévastateurs, le jeu des voix intense, et cela d’un bout à l’autre. A ce propos, « Hundred Mile Stare » est un parfait exemple. Il y a aussi quelques invités côté voix : Emily Tate sur l’intense « Home Again », Jason Ames sur « Sliver » et « If I Were King », A.J. Frato sur « Sliver », Vincent Solano sur « A Dead Man’s World ». Côté guitares, viennent s’ajouter Kelly Gray et Damon Johnson. Pour les claviers, c’est Randy Gane qui s’y colle.
« A Dead Man’s World » vous plongera dans l’intensité et la souffrance qui entourera la mort. « The Killer » vous permettra de saisir la question de vie ou de mort. On lui dit « Tue-le! ». Mais qui est le tueur, qui est le vainqueur ? Et que dire de l’angoisse du souvenir qu’il laissera. Ses proches vont-ils se souvenir de lui ? C’est le thème de la ballade « Remember Me ». Frissons Garantis ! Mais c’est peut-être encore avec « Home Again » qu’on sera le plus captivé. Emily Tate joue l’enfant qui attend avec impatience le retour de son père de la guerre. Le chant partagé entre Geoff et sa fille Emily crée une ambiance intense à laquelle il est bien difficile de ne pas succomber. Enfin, comment passer sous silence ces tons zeppeliniens qui baignent le dernier titre « The Voice » ? C’est tout simplement superbe !
Avec « American Soldier », Queensrÿche nous offre ce qui est probablement leur meilleur album depuis « Operation: mindcrime » en 1988. Il faut juste prendre le temps de l’écouter attentivement, et à plusieurs reprises, pour bien le ressentir. Un conseil ? N’hésitez pas, foncez !
Pays: US
Rhino 8122-79872-6
Sortie: 2009/03/30