YOUNG, Neil – Fork In The Road
Après un « Living With War« très engagé, les temps ont changé outre-Atlantique et Neil Young revient avec plus en douceur. Pourtant, il n’hésite pas à épingler quelques problèmes de la société américaine. Mais c’est plus soft cette fois, et moins dirigé vers le pouvoir en place, même s’il dénonce encore les mensonges et la déformation de la vérité.
Young nous dit que chanter une chanson ne changera pas le monde. Sans doute a-t-il voulu répondre ainsi à ses détracteurs qui l’avaient épinglé lors de la sortie de « Living With War », critiquant le fait qu’un Canadien se mêle des affaires américaines. C’est vrai, une chanson ne changera pas le monde, mais elle fera réfléchir les gens, ce qui somme toute est le but escompté.
Neil Young est considéré comme le papy du grunge, et cela se confirme encore cette fois. Les bases de cet opus sont bien grunge, pas de doute là-dessus. Ecoutez « When Words Collide » et « Fuel Line ». La guitare est distortionnée, on pourrait même dire déchirée crachant des accords de déprime. Mais Neil sait aussi être bien rock’n’roll comme avec « Johnny Magic ». Pourtant, même là, il arrive à conserver une couleur grunge de par le son de la guitare.
Un côté plus existentiel se dévoile sur « Cough Up The Bucks ». Mais où file donc tout l’argent se demande-t-il. On pourrait croire que cela vient d’une réflexion sur la crise financière actuelle, mais cela semble en fait concerner l’argent d’une famille. Ici on n’est plus dans le grunge. Le rythme du morceau est plus inhabituel pour l’artiste. Il passe aussi par le Blues avec « Get Behind The Wheel » dont la rythmique semble nous entraîner sur les longues routes sans fin des States. Quant à « Off The Road », il se fait plus doux.
Mais la douceur ne dure jamais bien longtemps et « Hit The Road » repart sur les traces du grunge. Les choeurs ajoutent un côté soul à la rythmique bien marquée. Puisqu’on a mis l’accent sur les voix, « Light A Candle » continue dans cette voie, très doux, comme un CSN&Y. Mais pas question de terminer en douceur, le morceau titulaire est un boogie enivrant, nous entraînant dans un rythme irrésistible, une bonne image de fin d’album puisqu’elle donne l’envie de le réécouter.
Neil Young nous sort ici un album court et réussi. Il n’a pas les ambitions d’un « Greendale« ou l’engagement d’un « Living With War », mais il s’inscrit bien dans sa carrière. A plus de 60 ans, c’est un artiste sur lequel on peut toujours compter pour nous offrir de la bonne musique.
Pays: US
Reprise 9362-49787-5
Sortie: 2009/04/06