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RETURN TO FOREVER – Returns

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C’est avec deux albums particulièrement novateurs, « In a Silent Way » en 1969 et « Bitches Brew » en 1970, que Miles Davis fit sauter le verrou existant entre Jazz et Rock. Dans la réalité des faits, il servit surtout de catalyseur, car ce genre nouveau, baptisé Jazz-Rock, ne put vraiment naître et se développer que grâce à ceux qui l’entourèrent dans ce moment-clé. Leur génie créatif était tel qu’ils ne se contentèrent pas longtemps d’un rôle de suiveur. Rapidement, ils s’éparpillèrent dans la nature pour monter leur propre formation. C’est ainsi que naquirent le Tony Williams Lifetime, Weather Report, Mahavishnu Orchestra, Return To Forever, Headhunters, …

Au départ, Return To Forever n’est que le titre d’un excellent album de Chick Corea, publié chez E.C.M. (Edition of Comtemporary Music) en 1972. En tant que groupe, Return To Forever n’apparaît qu’après, la même année. Sur chaque pochette, le nom de son fondateur sera adossé à celui du groupe jusqu’à l’album « Romantic Warrior », en 1976. Rien que ce fait confirme la position dominante de son créateur, Chick Corea. S’il n’a que trente ans à l’époque, il possède déjà une carrière professionnelle bien remplie. Ses talents d’instrumentiste virtuose, de mélodiste, d’improvisateur brillant, de compositeur prolifique, de chef d’orchestre, d’explorateur de nouvelles voies, … sont déjà reconnus.

Un homme de cette carrure ne pouvait se satisfaire que de compagnons de son calibre. Né en 1951, engagé à vingt ans, Stanley Clarke est de ceux-là. Il sera le seul à suivre l’aventure de bout en bout.

D’album en album, la musique de Return To Forever évolue sous la houlette de son fondateur. Si les réminiscences latines sont présentes dès le départ, elles s’amplifient à partir de 1974 avec l’arrivée d’un jeune guitariste flamboyant, âgé de dix-neuf ans, Al Di Meola. Il succède à deux brillants instrumentistes, le merveilleux Bill Connors, mal à l’aise et insatisfait sous la direction de Chick Corea, et Earl Klugh, vite parti. A la batterie, Lenny White arrive en 1973. Né en 1949 et ancien compagnon de l’équipe de « Bitches Brew », il prend le relai d’Airto Moreira et de Steve Gadd, désireux de ne plus trop tourner pour éviter l’ire de sa partenaire.

A partir de là, le groupe repose sur deux grands piliers : le duo Latino-Américain et le duo rythmique Afro-Américain. Ils se complètent à merveille et représentent la formule la plus spectaculaire et la plus populaire. La surprise vient du fait que la complexité instrumentale, la virtuosité individuelle et collective, la vitesse d’exécution, les nouvelles sonorités de claviers, … ne réduisent jamais le caractère mélodique de l’ensemble. Actif de 1974 à 1976, ce quatuor rencontre un succès colossal à travers le monde. Par après, tous poursuivront une carrière féconde sur laquelle il n’y a pas lieu de s’étendre ici.

Plus de trente ans après, la reformation de ce quatuor mythique mais vieilli s’avérait automatiquement délicate. Double CD copieux, « Returns » apparaît comme un « Best Of » en public. Il fut enregistré lors de la triomphale tournée américaine de 2008. Les deux titres en bonus le furent en Europe.

A l’écoute, ces quatre musiciens n’ont pas perdu la main. Il est vrai qu’ils cumulent depuis toujours les projets les plus divers, toujours haut de gamme. Par contre, tous n’ont pas conservé le punch et la fougue d’antan. Evidemment, l’âge est bien là. L’aîné, Chick Corea s’avère le plus présent, le plus constant, le plus passionné et le plus passionnant. Son travail seul justifie déjà l’intérêt de cette réunion. Ses interventions se dégustent toujours avec délectation. Même s’il se doit encore d’utiliser d’anciens claviers, on sent qu’il préfère le piano. Stanley Clarke reste un bassiste de grande classe. Seul reproche ici, sa partie en solo fatigue vite. Toujours excellent, Lenny White travaille à l’efficacité. Son envie de performances brutes s’est atténuée. Sa partie en solo le confirme. Al Di Meola n’a rien perdu de son talent, mais semble moins intéressé. Les grands débordements qui ont fait son succès dans les années septante se font plus rares.

En conclusion, « Returns » ne manque pas d’intérêt et il ne faut pas gâcher son plaisir. Pourtant, il ne permet jamais d’oublier les albums originaux. Ces chefs-d’œuvre demeurent incontournables. Je les ai d’ailleurs tous réécoutés, dans l’ordre chronologique, avec le même plaisir et la même passion qu’à l’époque.

Le groupe :

  • Chick Corea : Pianos & Claviers
  • Stanley Clarke : Basses
  • Lenny White : Batterie
  • Al Di Meola : Guitares

Les titres :

CD1 (75’55) :

  1. « Opening Prayer » (Corea) (2’02)
  2. « Hymn of the Seventh Galaxy » (Corea) (3’43)
  3. « Vulcan Worlds » (Clarke) (13’45)
  4. « Sorceress » (White) (11’22)
  5. « Song to the Pharaoh Kings » (Corea) (27’13)
  6. « Children’s Song » (Corea) – « Passion, Grace & Fire » (Di Meola) – « Mediterranean Sundance » (Di Meola) – « Café 1930 » (Piazzolla) – « Spain » (Corea) (8’54)
  7. « No Mystery » (Corea) (8’52)

CD2 (73’32) :

  1. « Friendship »« Solar » (Corea) (8’52)
  2. « Romantic Warrior » (Corea) (7’19)
  3. « El Bayo de Negro » (Clarke) (11’25)
  4. « Lineage » (White) (7’39)
  5. « Romantic Warrior » (Corea) (3’03)
  6. « Duel of the Jester and the Tyrant » (Corea) (14’03)
  7. « 500 Miles High » (Corea) (12’48) (*)
  8. « Romantic Warrior » (Corea) (8’20) (*)

(*) en bonus

Pays: US
Eagle Rock Entertainment Ltd EDGCD394 GAS 0000394 EDG
Sortie: 2009/03/02

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