HARTLEY BAND, Keef – Seventy Second Brave
Originaire du Lancaster où il est né en 1944, Keef Hartley fait parler de lui pour la première fois quand il remplace Ringo Starr à la batterie de Rory Storm & The Hurricanes. Il déménage à Londres en 1964, écrasant d’abord les peaux pour les Artwoods, puis pour John Mayall et ses Bluesbreakers en avril 1967. L’année suivante, sur la suggestion de Mayall, il forme son propre groupe, le Keef Hartley Band. Le combo change souvent de personnel, mais on peut dire que Keef Hartley (batterie), Miller Anderson (guitare, chant), Peter Dines (claviers), Spit James (guitare) et Gary Thain (basse) forment le noyau originel. Ils jouent toutes sortes de musiques, mais restent associés le plus souvent au British Blues. Hartley est une figure haute en couleurs qui aime à se déguiser en indien, avec plumes et peintures de guerre. Tout ceci aide à faire du groupe une attraction populaire dans les clubs. Ils sont aussi un des rares groupes anglais à apparaître au festival de Woodstock où ils se débrouillent fort bien.
Le Keef Hartley Band a réalisé une demi-douzaine d’albums, évoluant entre Chicago blues (« Halfbreed », 1968), compositions un peu plus jazzy (« Battle of NW6 », 1969). En 1971, Keef Hartley forme un nouveau groupe, le Keef Hartley Big Band, qui comprend une section de cuivres élargie. Cette formation enregistre l’album live « Little Big Band » au Marquee. Mais cela reste une aventure éphémère, en raison des disparités d’intérêts entre Keef Hartley et Miller Anderson, ce qui fait que les albums « Seventy Second Brave » (1972) et « Lancashire Hustler » (1973) sont surtout des albums solos de Hartley avec quelques musiciens de studio.
Justement, « Seventy Second Brave » marque une nette différence avec les albums précédents, presque entièrement voué à la soul et au funk rock. On se croirait davantage dans un générique de « Starsky et Hutch » que sur un album de blues-rock. Keef Hartley s’entoure de nouvelles têtes, hormis l’habituel bassiste Gary Thain. A la guitare, on trouve Junior Kerr (alias Junior Marvin, qui jouera notamment avec Bob Marley). Pete Wingfield est au piano. Ce spécialiste de la soul qui a également joué avec B.B. King et qui produira plus tard les Dexys Midnight Runners a bien sa place sur cet album. Mick Weaver (orgue) est un musicien de studio qui apparaîtra sur quantités d’albums de Joe Cocker, Taj Mahal, David Gilmour… On trouve également Chris Mercer et Nick Newell aux cuivres. L’album « Seventy Second Brave » a la particularité de ne posséder aucune chanson écrite en propre par Keef Hartley. On y trouve des compositions de Chris Mercer, Junior Kerr, Pete Wingfield et même Gary Thain mais rien de Keef Hartley. La raison vient du départ de Miller Anderson, qui contribuait grandement à l’écriture des chansons. Hartley préfère laisser ses petits camarades jouer les créateurs. La différence avec les autres albums sera notable.
L’album est enregistré début 1972 aux studios Island (sous la production de John Burn) et aux studios Trident (sous celle de Roy Baker, un garçon qui, de Nazareth aux Smashing Pumpkins en passant par Queen, Alice Cooper ou Mötley Crüe, a presque tout produit). « Seventy Second Brave » connaît des ventes honnêtes, mais ne casse cependant pas le hit-parade. Quelque peu déçu, Keef Hartley préfère retourner jouer un temps chez John Mayall avant de penser à un album solo.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2100
Sortie: 2009/01/19 (réédition, original 1972)