WHITE LIES – To Lose My Life…
Jadis, le mois de janvier ressemblait à une morne plaine, un mois où il ne se passait pas grand-chose. Un mois où l’on avait tout le loisir de rattraper le retard accumulé dans les écoutes de l’année précédente, voire d’analyser en profondeur les référendums des collègues. Ce temps est désormais révolu car la première sortie intéressante de l’année a débarqué en magasin le 16 janvier.
« To Lose My Life… » est le premier album de White Lies, un trio originaire de Ealing, une bourgade à l’ouest de Londres. Le chanteur guitariste Harry McVeigh, le bassiste Charles Cave et le batteur Jack Lawrence-Brown forment Fear Of Flying, un groupe pour s’amuser alors qu’ils sont toujours à l’école. Ils se prennent toutefois rapidement au jeu et finiront par sortir deux singles en 2006 avant de se retrouver à l’affiche du premier Underage Festival (mini festival anglais réservé aux moins de 18 ans) l’année suivante.
Alors qu’ils rentrent à l’université, ils rebaptisent leur projet White Lies, un nom qui correspond mieux à leur nouvelle direction. A partir de ce moment-là, les choses vont se précipiter. Un premier concert en février 2008 qui débouchera sur la signature d’un contrat, un premier single (« Unfinished Business ») en avril, un passage dans l’émission télévisée de Jools Holland en mai et plusieurs apparitions dans les festivals d’été (notamment Reading & Leeds mais aussi au Pukkelpop dans un chapiteau surchauffé).
Entre-temps, ils ont donc enregistré ce premier album, notamment aux studios IPC de Bruxelles, laissant le soin à Ed Buller (Blur, Pulp) et à Max Dingel (The Killers, Glasvegas) de produire la plaque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont fait du bon boulot, en n’altérant en rien les compositions sombres et ténébreuses du groupe. Evidemment, on pense d’emblée à Editors et à leurs cousins Interpol, eux-mêmes largement inspirés de Joy Division ou autre Echo & The Bunnymen, qui ont quand même posé les bases du style au début des années 80. Mais ce qui est marrant, c’est l’habileté avec laquelle le groupe a patiemment analysé la période en question sans la plagier et en y incorporant d’autres influences (voulues ou non). Ainsi, autant la voix de Harry McVeigh que les arrangements font tour à tour penser à Duran Duran (« To Lose My Life »), Editors (« Unfinished Business ») ou Tears For Fears (« Farewell To The Fairground »).
Musicalement, on est en plein dans les ambiances glaciales de la période mentionnée plus haut, mais paradoxalement, malgré la noirceur des textes, une certaine chaleur se dégage de l’ensemble, notamment grâce à des riffs de violon judicieusement disposés et à la participation d’un orchestre d’une vingtaine de musiciens sur quelques titres (dont le fabuleux « The Price Of Love »). Les synthés sont discrets tout en étant omniprésents (aux oubliettes la pop joyeuse de Black Kids ou de Santogold), ici on est dans du sérieux. Cet album a la faculté de ne pas laisser indifférent dès la première écoute, d’autant qu’il est truffé de hits potentiels comme « Death », « A Place To Hide » et surtout « From The Stars », choisi par iTunes comme Track Of The Week début janvier sans oublier l’imparable single et plage titulaire de l’album.
En résumé, je pense qu’on tient entre les mains la première bonne surprise de l’année et peut-être déjà un des albums de 2009. On parle aussi de son éventuelle inclusion dans la sélection pour le prochain Mercury Music Prize. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que les chançards qui ont su se procurer un ticket pour leur concert complet du 14 mars au Botanique risquent de ne pas le regretter. 2009 commence sous les meilleurs auspices…
Pays: GB
Polydor Ltd 1795182
Sortie: 2009/01/16