CLASH (The) – Live at Shea Stadium
« No future », le credo nihiliste des Sex Pistols est bien connu ; a contrario, The Clash pensait que le futur devait être inventé et atteint par la révolution. La scansion de Joe Strummer se prêtait bien aux slogans révolutionnaires explicites : il en était généralement l’auteur avec Mick Jones. A tort ou à raison, le Clash était considéré comme un symbole punk de la révolution gauchiste mais ce symbole a rapidement été récupéré par l’establishment. Le groupe a connu le maximum de notoriété avec les albums « The Clash », sorti en 1977 en Angleterre et « London Calling », sorti en 1979. Quand il a fait la tournée américaine en première partie du Who avec David Johansen des New York Dolls en 1982, la courte période de domination du punk était terminée depuis longtemps.
Même s’il a été remasterisé, le présent album, « Live at Shea Stadium », enregistré à New York le 13 octobre 1982 dans un stade normalement réservé à la pratique du base-ball, est à la fois le paroxysme de la carrière du groupe et la démonstration de ses limites : il n’était pas fait pour les stades gigantesques et préférait les audiences réduites, plus malléables, où il pouvait exercer son pouvoir manipulateur, même si sa démarche était sincère, en tout cas au début. C’était déjà le début de la fin. Mick Jones voulait innover, Joe Strummer voulait persister dans sa démarche politique.
Les meilleures choses ont une fin. Le batteur Topper Headon est parti se débarrasser de son addiction à la drogue. Sur cet album « live », c’est le premier batteur du groupe, Terry « Tory Crimes » Chimes, qui dépanne. Arriva ce qui devait arriver. Le clash entre deux des co-fondateurs était programmé et en effet, il se produisit peu après. Depuis, on multiplie les rééditions mais en pure perte : on n’est plus en 1977 et la situation politique est à des années lumières de cette époque. On ne ressuscite pas le passé, même si l’album « The Singles » a connu un certain succès auprès des plus jeunes. Les nostalgiques sont nombreux mais ils perdent leur temps : cette période est révolue. Certains s’en réjouissent, d’autres pas mais on est passé à autre chose depuis longtemps.
Parmi les meilleurs des 16 titres, on ne manquera pas de noter « London Calling », presque usé tant il a été joué en radio (quand on vous parlait de récupération), « The Guns of Brixton », « The Magnificent Seven », « Rock the Casbah », « Spanish Bombs », « Clampdown », « English Civil War », « Should I Stay or Should I Go » et « I Fought the Law », autant de titres qui se passent de commentaires.
Album violent qui est le témoignage d’une époque révolue. Il suscite l’enthousiasme d’un public américain conquis par un groupe qui atteignait le maximum lors des concerts. C’était en 1982, il y a 26 ans.
Les titres :
- « Kosmo Vinyl Introduction »
- « London Calling »
- « Police on my Back »
- « The Guns of Brixton »
- « Tommy Gun »
- « The Magnificent Seven »
- « Armagideon Time »
- « The Magnificent Seven (Return) »
- « Rock the Casbah »
- « Train in Vain »
- « Career Opportunities »
- « Spanish Bombs »
- « Clampdown »
- « English Civil War »
- « Should I stay or Should I Go »
- « I Fought the Law »
Pays: GB
Sony BMG 88697348802
Sortie: 2008/10/06