FAITHFULL, Marianne – Easy Come Easy Go

Chaque album de Marianne Faithfull est attendu par ses fans et celui-ci ne déroge pas à la règle. D’habitude, elle s’entoure de musiciens et compose les paroles. Cette fois, elle reprend des titres de grands artistes de blues, de rock, de soul ou de jazz. L’interprétation de l’artiste anglaise est toujours empreinte de classe et de beaucoup d’humanité et elle n’a pas son pareil pour s’approprier les plus grands classiques, qu’elle enregistre généralement en une seule prise. C’est encore le cas cette fois-ci.

Pour la seconder, en plus de son orchestre composé de Barry Reynolds, un ami fidèle, Greg Cohen, Marc Ribot, Jim White et Rob Burger, elle a invité pour chanter avec elle Chan Marshall (Cat Power) et Sean Lennon sur « Hold On Hold On », Nick Cave sur « The Crane Wife 3 », l’excellent Rufus Wainwright sur « Children of Stone », Teddy Thompson sur « How Many Worlds », Antony Hegarty toujours aussi poignant sur « O O Baby » et Keith Richards sur « Sing Me Back Home ».

Pour info, certains d’entre eux apparaissent seulement sur la version Deluxe qui comporte un deuxième CD et un DVD dont Jarvis Cocker sur « Somewhere » et Kate et Anna McGarrigle sur « The Flandyke Shore » (sans garantie, ils ne figurent pas sur mon exemplaire). Les arrangements, réalisés spécialement pour Marianne, sont de Cohen Bernstein et Weinberg Goldstein, tandis que un certain L Picket conduit les sections de cordes et de cuivres.

Mais si Marianne ne va pas bien, elle n’a pas son pareil pour créer une atmosphère de circonstance qui rend l’album poignant, avec la voix brisée et la sensibilité exacerbée d’une femme qui a vécu des drames mais en est sortie plus forte. Et de force morale, elle en aura encore besoin. Dans un rôle difficile, il faut voir sa prestation transcendante dans le film « Irina Palm » pour s’apercevoir qu’elle ne choisit jamais la voie facile mais qu’elle s’en tire toujours avec brio.

Parmi les meilleurs titres, il faut citer « Solitude », où elle égale presque Billie Holiday, « In Germany Before The War », qui évoque la république de Weimar, une période qu’elle aime et qu’elle chante très bien et chanté par deux écorchés vifs, « O O Baby », où son chant alterné avec Antony est de toute beauté.

Ce très bon album a été enregistré au Sear Sound Studio à New York et il est produit par Hal Willner, qui a déjà produit l’excellent « Strange Weather » (1987) et « Blazing Away » (live) (1990), deux de ses meilleurs albums avec « Broken English » (1979) et « Before The Poison » (2005). Il figure parmi les dix meilleurs de l’année. Mais qu’il est triste.

Les titres :

1. « Down from Dover » (Dolly Parton)
2. « Hold On Hold On » (Neko Case (The New Pornographers))
3. « Solitude » (Duke Ellington – Eddie De Lange & Irving Mills)
4. « The Crane Wife 3 » (Colin Meloy (The Decemberists))
5. « Easy Come Easy Go » (Bessie Smith)
6. « Children of Stone » (Espers)
7. « How Many Worlds » (Brian Eno)
8. « In Germany Before The War » (Randy Newman)
9. « O O Baby » (Smokey Robinson – Pete Moore)
10. « Sing Me Back Home » (Merle Haggard)

Pays: GB
Naïve 814471
Sortie: 2008/11/17