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YAMASHTA’s, Stomu EAST WIND – Freedom Is Frightening

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A l’écoute de la réédition de cet album de 1973 sur CD, on peut mieux comprendre l’obsession de Stomu Yamash’ta pour la musique occidentale, classique d’abord, jazz ensuite, rock enfin. Néanmoins, il n’a jamais renié sa culture mais a cherché à la fusionner avec la musique occidentale, principalement à travers le jazz, d’où le nom de world fusion.

S’il s’agissait de musique classique, on se hasarderait à qualifier « Freedom Is Frightening » de symphonie en quatre mouvements mais c’est de jazz fusion qu’il s’agit, même si des passages entiers ont une connotation classique. C’est le dernier album de cette formation qui a si brillamment tenté cette gageure. On retrouve ici, outre l’auteur, qui joue de la batterie et s’occupe des percussions, sa femme Hisako au violon, Gary Boyle à la guitare, Brian Gascoigne aux claviers, au synthé et au vibraphone et Hugh Hopper à la basse. Cela donne un album de qualité destiné à un public de mordus du genre.

« Freedom Is Frightening » est une longue pièce de près de 9 minutes où l’orgue Hammond se mesure à la guitare basse comme pour étudier les effets de leurs interactions constantes. La musique évolue très lentement vers une prestation trois étoiles de la section rythmique et de la guitare, avec des harmonies étranges et par intermittence, un chant et des chœurs venus de nulle part. La deuxième plage, « Rolling Nuns », est une magnifique démonstration de fusion réussie qui ressemble à Soft Machine, avec un Gary Boyle excellent à la guitare. La basse se met aussi en évidence pour mieux soutenir les claviers dans leur tentative d’envelopper le tout dans un climat onirique qui préfigure la musique ambient, avec les voix en contrepoint.

« Pine On The Horizon » est un très long morceau qui mélange fusion, école de Canterbury, jazz et folk avec bonheur. Le début est aguichant et plutôt folk rock mais on évolue bientôt vers un jazz rock plus proche de Soft Machine première période qui met en lumière les improvisations au vibraphone et les percussions géniales du leader japonais. On verse ensuite dans des effets qui changent le climat du morceau pour le rendre plus jazz et qui préfèrent les improvisations inattendues pour rendre l’album plus innovant, même si la basse rythme les échanges par son leitmotiv répétitif lancinant. Vient ensuite une sorte de musique sacrée jouée à l’orgue qui termine le morceau en apothéose. Le dernier « mouvement », « Wind Words », laisse une place déterminante au violon pour une musique à la fois relaxante et triste, avec la guitare acoustique en soutien. On se dirige ainsi tout en douceur vers la fin, avec quelques soubresauts de l’orgue pour corser un peu la sérénité du final.

Très bon album aux confins du rock réservé à une audience avertie, où les musiciens donnent libre cours à leurs multiples talents.

Pays: JP
Esoteric Recordings ECLEC 2087
Sortie: 2008/10/27 (réédition, original 1973)

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