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YAMASHTA’s, Stomu EAST WIND – One By One [Soundtrack]

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Né à Kyoto en 1947, Stomu Yamash’ta est allé aux Etats-Unis pour étudier la musique occidentale à 16 ans, notamment à la Berklee School of Jazz de Boston où il a appris à jouer de la batterie dans le style jazz, puis il est venu en Europe au début des années 70, en France d’abord, où il a joué pour accompagner des pièces de théâtre, puis en Grande-Bretagne, avant de se retirer au Japon pour parfaire son éducation musicale et spirituelle en 1978.

Sur cet album qui accompagne un documentaire consacré à Jackie Stewart, un ancien pilote de formule I, et à la course de voitures (il n’a pas connu le succès populaire espéré), il joue de la world fusion, mélange de world music et de jazz. Il est accompagné par sa femme, Hisako Yamash’ta, au violon, Hugh Hopper (Soft Machine) à la basse, Brian Gascoigne aux claviers et au synthé, Sammi Abu au chant, aux congas et à la flûte, Gary Boyle (Isotope) à la guitare et Nigel Morris (Isotope) au drum kit. Tout ce petit monde est remplacé par Frank Tankowski à la guitare, Bernie Holland à la guitare et Mike Travis au drum kit sur « Superstar / Loxycycle ».

Cet album de musique de film est un mélange de fusion, de jazz-rock et de prog rock mais en étant privé de l’image, on ne perçoit pas toujours clairement son rapport avec le sujet du film. « One By One / Hey Man / One By One (Reprise) » est une longue incantation en trois parties dont la première, jazzy, est largement basée sur les percussions mais comprend des fragments où la guitare tient le rôle principal avec les claviers et la basse. La deuxième, dont le chant n’est pas exempt de feeling, est plus funky et sa structure est plus traditionnelle, avec des percussions beaucoup plus discrètes. La troisième, jazzy, fait une large place au dialogue entre la guitare, la basse et les claviers. Plus cinématique, « Black Flame » démarre sur un thème ambient aérien qui reflète une tension omniprésente par des drones insistants qui semblent annoncer le drame de façon prémonitoire. Le violon surtout et le synthé tentent tant bien que mal d’y apporter un peu plus de légèreté.

Plus proche de l’aspect sportif du sujet, le très court « Rain Race » est franchement d’inspiration jazz et ne manque pas d’ampleur sous l’impulsion d’un synthé omniprésent. Les drones et les gimmicks du début de « Tangerine Beach » sont bientôt atténués par la légèreté du violon qui semble vouloir contrebalancer la lourdeur du propos et donner une coloration nettement plus classique au morceau.

On change complètement de climat et de personnel avec les improvisations jazz fusion de « Superstar / Loxycycle », où les deux guitares s’affrontent dans un combat sans merci rythmé par les percussions avant l’apparition du chant, soutenu par une ligne de basse impressionnante tandis que la flûte est accompagnée par des claviers discrets. Le chant est toujours de mise pour ce morceau de jazz fusion qui comprend une touche de world music improvisée qui accentue la complexité de sa structure. Dans sa deuxième partie, on assiste à un véritable festival absolument parfait de percussions tribales contrebalancé par le jeu de la guitare, de la flûte, de la basse et des claviers qui lui donnent une allure plus rapide dans un tempo qui part en un crescendo percutant. Le final est une suite de petits thèmes qui se succèdent sur fond de musique jouée par les claviers, avec des soubresauts improvisés qui tentent de relancer le rythme des percussions.

Reprenant le line-up initial, « Nurburgring », qui a perdu son umlaut, est un court morceau guilleret qui émoustille l’ensemble par sa fraîcheur mais à mi-parcours a lieu une rupture qui annonce une dramatisation propre à créer la tension par la répétition de la même phrase musicale. « Seasons » est une courte variante au violon sur le thème des quatre saisons de Giuseppe Verdi. Puis vient « Accident », une transition dramatique poignante de courte durée qui annonce « At Tangerine Beach », une pièce inspirée par la musique classique qui annonce un épilogue plus serein, avec de nouveau le violon en point de mire.

Album d’avant-garde difficile d’accès qui tente de marier les improvisations du jazz, les percussions de la world music, les thèmes classiques et le prog rock à l’occidentale sur fond de film documentaire. Cette réédition ambitieuse est vouée à un succès mitigé par son absence de structure claire et la complexité de son propos. Il manque surtout le support de l’image pour mieux comprendre. Pour amateurs de world fusion avertis.

Pays: JP
Esoteric Recordings ECLEC 2083
Sortie: 2008/09/29 (réédition, original 1974)

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