GOJIRA – The way of all flesh

Quatrième album de Gojira, « The way of all flesh » continue de confirmer les incroyables qualités de ce combo de métal français qui est une véritable bouffée d’air frais dans une scène hexagonale qui avait tendance à tourner en rond en matière de groupes hard.

Gojira vient d’Aquitaine où il s’est formé en 1996 autour des frères Joe et Mario Duplantier (respectivement guitariste-chanteur et batteur), Jean-Michel Labadie (basse) et Christian Andreu (guitare). La réputation du groupe commence à se répandre dès le deuxième album « The link » de 2003, qui faisait suite au premier opus « Terra incognita », paru en 2000. Les frères Duplantier se sont fait remarquer par leurs riffs énormes et leur technique de batterie aussi complexe que sidérurgique, développant un death metal lourd et lent, oppressant, proche du doom et de ce que fait aussi Mastodon de l’autre côté de l’Atlantique.

La consécration s’opère en 2005 avec « From Mars to Sirius », un album formidable qui est jusqu’à présent le meilleur disque du groupe. Ce chef d’œuvre ouvre de nombreuses portes à Gojira, dont plusieurs tournées aux Etats-Unis, un noyau de fans grandissant en Europe de l’Est, au Brésil ou en Turquie et des shows mémorables en Europe, notamment sur le second volet de la tournée Unholy Alliance avec Slayer.

Aujourd’hui, Gojira revient avec un nouvel album qui se fait la continuation de « From Mars to Sirius ». Après ce dernier album, il était difficile de faire mieux ou aussi bien, mais Gojira s’en sort à merveille. On va sortir la prudence à la louche et se retrancher derrière la théorie de la relativité pour dire que « The way of all flesh » est un tantinet plus mélodique que son prédécesseur. Les choses restent néanmoins extrêmement lourdes, avec cette science hallucinante du riff hanté, d’une puissance évocatrice biblique, révélant un son tout à fait extraordinaire. Car c’est là la grande force de Gojira, il possède un son, une marque de fabrique. C’est une qualité que seuls les grands groupes ont. Et il ne serait pas étonnant de voir Gojira poursuivre sa montée vers les hautes sphères. Son seul handicap est de se trouver dans un pays où le business (maisons de disques, tourneurs, producteurs, patrons de salles) a toujours sorti les flingues en entendant le mot rock. A fortiori, quand il s’agit de heavy metal, les risques sont encore plus grands.

« The way of all flesh », c’est donc du Gojira pur jus, massif, inquiétant et technique. Le batteur est stupéfiant, un des meilleurs de la scène métal contemporaine avec Brann Dailor de Mastodon et Joey Jordison de Slipknot. Entre deux coulées de guitares monstrueuses et de chant rupestre, Gojira se ménage quelques phases d’accalmie pour aérer son album. C’est, comme toutes les œuvres de Gojira, un album qui ne s’écoute pas en faisant la vaisselle. Il faut entrer dedans, l’écouter entre quatre oreilles, se faire envahir par les sensations de rage désespérées qui jalonnent les treize titres. Le nombre de morceaux est d’ailleurs assez important pour un disque de cette intensité et l’écoute intégrale relève le plus souvent du marathon que de la promenade de santé. Mais là, c’est peut-être ma faiblesse d’auditeur qui ne peut relever le défi de la vision musicale d’un groupe d’exception.

Bref, les fans du groupe et ceux qui aiment Mastodon et le métal qui ne rigole pas auront plaisir à découvrir ce nouveau disque de Gojira. Et pour les autres, essayez quand même, on ne sait jamais.

Pays: FR
Listenable POSH 107
Sortie: 2008/10/13