ESCAPE THE FATE – This war is ours
Parents, n’offrez pas de guitares électriques à vos enfants si vous n’êtes pas sûrs qu’ils joueront du rock ‘n’ roll digne de ce nom. Vos mômes risqueraient bien de n’apporter aucune plus-value au rock, comme ceux qui ont fondé Escape The Fate. En écoutant ce deuxième disque de ce gang de Las Vegas, force est de constater que le business fabrique maintenant sur mesure des produits destinés aux 12-16 ans, comme il existe des teen movies chargés de séduire la même clientèle ou des jeux vidéos du même acabit, etc. Remarquez, cela ne date pas d’hier : les pré-adolescents des années 60 ont eu les Monkees, ceux des années 70 les Osmond Brothers et ceux des années 90 Hanson (qui n’était pas si mauvais que ça, au passage). Depuis le phénomène Tokio Hotel, tout est permis à l’industrie de la musique rock pour reproduire à l’infini des combos de petits gamins nerveux qui alignent mélodies et riffs déjà entendus des millions de fois. C’est ce qu’on appellerait en France les baby rockers.
Escape The Fate est donc ce genre de produit, made in USA. Je ne pense pas utile de remettre sur le tapis l’éternel débat sur la révolte adolescente, elle fait partie de l’existence. Il y a ceux qui la vivront quelques semaines et rentreront dans le rang et d’autres qui ne s’en remettront jamais. Après, c’est à la discrétion de chacun. Si vous vous sentez mal dans votre peau et n’aimez pas la société qui vous entoure, un bon AC/DC ou un bon Motörhead vous marqueront au fer rouge et vous aurez la rage toute votre vie. Si vous êtes des modérés, bondissez mollement au son de Escape The Fate ou tout autre clone destiné à vider votre argent de poche avant de disparaître.
Tout cela est donc une question de goût. Escape The Fate contient suffisamment d’énergie sur guitare pour être sympathique aux oreilles de ceux qui s’éveillent à la vie et dont on espère qu’ils auront la curiosité de chercher ce qu’il y avait avant. Pour les vieux singes qui n’ont plus de grimaces à apprendre, Escape The Fate fera autant d’effet qu’un coup d’épingle à nourrice sur la cuirasse d’un tyrannosaure. Je dois donc nuancer ma note portée sur ce disque : pour les 12-16 ans, 4 étoiles ; pour les 16-20 ans, 3 étoiles et vous retirez une étoile à chaque tranche d’âge de quatre ans. Ceux qui ont passé 30 ans trouveront peut-être du charme à la ballade « Harder than you know », paradoxalement la chanson qui a le plus d’âme dans cet album.
Et si dans l’avenir, ce genre de groupe devient la norme, un atome dans la masse de productions de grande consommation destinées à une jeunesse de passage, les rockers purs n’auront plus qu’à se retirer sur la fameuse île déserte avec des caisses remplies de ces bons vieux disques qui firent l’âge d’or du rock.
Pays: US
Epitaph 6926-2
Sortie: 2008/10/21