ROMAN – Any Place But Home

Romain Madrolle, alias Roman, fut une incroyable découverte lorsque Marc Ysaye l’invita dans son émission du dimanche matin sur Classic 21 pour un petit set acoustique. Nous avons alors pu découvrir cet artiste jusqu’alors inconnu et ce fut une véritable claque !

Roman a une voix incroyable. Aucun chanteur belge n’a une telle voix et pourtant il est bien de chez nous. Il nous fait revivre John Lee Hooker et sa façon de chanter nous rappelle aussi Eric Burdon. Bref, sa voix grave et profonde groove grave !

Nous avons aussi pu voir Roman lorsqu’il a récemment assuré la première partie du concert de Machiavel au Botanique (voir notre compte-rendu). Seul avec sa guitare, il était arrivé à captiver l’audience, ce qui n’est jamais gagné en première partie d’une vedette. Sur ce premier opus, l’artiste est accompagné de quelques musiciens qui jouent des percussions, du violoncelle, de la guitare, des claviers, etc. Mais dans l’ensemble, c’est Roman, sa guitare et sa voix qui sont à l’honneur.

Je vous parlais plus haut de John Lee Hooker et vous pensez sans doute que j’exagère. Mais écoutez ce « Rider » au boogie irrésistible et vous comprendrez vite qu’il est un digne héritier de John Lee. Il y a aussi une ambiance très ZZ Top là-dedans, et ce n’est pas parce qu’il les cite que je le dis. C’est avec ce morceau qu’il avait ébloui les auditeurs de Classic 21 et c’est aussi un des meilleurs moments de cet opus.

L’intensité qui se dégage de « The Honeymoon Song » est tel qu’on se sent transporté dans le sud de l’Amérique. Des choeurs s’ajoutent pour nous conforter dans cette voix. Tout en restant dans ce sud profond, il reprend le légendaire « The House of The Rising Sun », une chanson qui a été reprise des milliers de fois. Pourtant, Roman arrive encore à nous captiver en nous la chantant. Sa voix module, prise par l’histoire qu’il nous conte. Les frissons nous gagnent. C’est sans aucun doute une des plus belles reprises entendues à ce jour.

Ce n’est pas la seule cover de cet opus. Il y a aussi « St James Infirmary », un autre traditionnel (anglais cette fois, du moins à la base avant de traverser l’Atlantique) tout aussi captivant que le précédent. L’artiste suit ici les traces de Ramblin’ Jack Elliott, Cab Calloway, Louis Armstrong, Billie Holiday, Arlo Guthrie, Janis Joplin, les Animals, bref rien que des pointures.

Roman est aussi humoriste à ses heures. Avec « Good Music » il fait une critique acerbe et ironique de la Star Ac et de ces « artistes » à la créativité inexistante qui ne sont là que pour le pognon. Dans le même trip musical, juste un peu plus lent sur le tempo, on trouve « Sex Shop Clerk ».

Notre chanteur se met aussi dans la peau du chercheur d’or avec le très emballé « Gold Digger ». « Silent Lullaby » joue sur l’émotion, tant par son chant que par les pleurs de sa guitare électrique. Notez encore l’intense « The Pain Within her Heart » bien différent du reste de l’album. C’est cette fois le piano et non la guitare qui mène la danse et cela permet de mettre en valeur une fois de plus la sublime voix de notre jeune espoir.

Roman est sans nul doute une des révélations belges de cette année 2008. Il nous replonge dans les racines du Blues et du Boogie. Il ravira les amateurs de John Lee Hooker, Eric Burdon, ZZ Top et Bob Dylan.

Pays: BE
auto-production
Sortie: 2008/10