CAPILLARY ACTION – So Embarrassing
Quand vous saurez que Frank Zappa et Captain Beefheart ont défriché le genre, vous serez déjà près de la vérité. Il y a une petite ressemblance avec la musique expérimentale de Xiu Xiu et Deerhoof, si on veut, mais c’est encore plus déjanté. Jonathan Pfeffer, le leader de ce projet, est un vrai fou. Il prend plaisir à jouer avec les nerfs de l’auditeur par la déstructuration suivie en alternance d’une restructuration des éléments sonores qui vont de la musique classique au jazz en passant par la musique brésilienne torride et le rock. Il est même difficile de savoir qui joue sur cet album qu’il vaut mieux écouter avant d’acheter. Il ne dure qu’une bonne demi-heure et comprend 11 morceaux, tous plus fous les uns que les autres.
Une fois n’est pas coutume, il est vain de vouloir détailler chaque morceau car c’est un amalgame de sons avant-gardistes futuristes qui se forment et se déforment pour le plus grand plaisir des esprits curieux (ou dérangés, si vous préférez). Il est destiné à ceux qui veulent savoir à quoi ressemblera le « rock » de demain. Pour certains, c’est du n’importe quoi mais ce serait dommage de céder à la facilité. Le leader est un intellectuel et il sait parfaitement ce qu’il fait avec son grain de folie qui en déroutera plus d’un. Son but est de bousculer l’idée qu’on se fait des perceptions sensorielles et des amalgames sonores par l’utilisation sans modération de « coups de sang » rythmiques abrupts, un peu à la manière de Animal Collective. On a déjà recueilli ainsi quelques pièces du puzzle.
Au début de l’album, « Gambit » est un morceau jazzy chanté par un crooner et interrompu par moments par un déferlement de ruptures de rythme qui font figure de péripéties sonores quand on s’aperçoit que leur répétition indique une volonté de pratiquer ainsi. Viennent ensuite des prouesses techniques avec les instruments classiques et cette rupture de rythme atypique qui donne sa marque de fabrique au groupe. A ce titre, « Father Of Mine » est également exemplatif par la déconstruction complète de sa structure d’origine sous les coups de boutoir d’instruments classiques utilisés à contre-emploi. On s’achemine ainsi vers un dénouement inattendu après que la trame jazzy ait rencontré quelques velléités de résistance vite étouffées sous les effluves latines venant du Brésil entrecoupées de manifestations sporadiques des cuivres et des cordes.
Album à écouter absolument avant tout achat sauf si vous savez supporter sans broncher Captain Beefheart ou Erik Baron, des orfèvres en la matière.
Pays: US
Natural Selection Records 8 80270 23152 2
Sortie: 2008/08