BODYSNATCHER – The Ninth Floor
Groupe du genre « electronica cinematic trip hop » noir qui fascine les jeunes branchés parisiens, en tout cas on l’imagine. Dans le genre, le trio a du répondant et ne manque pas de personnalité. Il a rencontré pas mal de difficultés pour sortir cet album intitulé « The Ninth Floor » mais le plaisir s’en trouve accru. Il mélange les époques et les genres pour notre plus grand plaisir.
Cette musique qui se déroule un peu comme un film, avec ses moments forts et ses passages tranquilles, on se doit de l’écouter attentivement sans trop se laisser emporter par le climat de rêve où le souci de l’esthétisme se mêle à la new wave et au post punk en passant par le trip hop. C’est le fait de trois musiciens : Tom chante, Franky joue de la guitare et David, outre sa participation à l’enregistrement, compose les paroles et la musique, joue de la guitare basse, des synthés et s’occupe de la programmation. Le trio est aidé par Rogue pour l’enregistrement et le mixage.
L’album commence avec les percussions programmées de « The Ninth Floor », où Rogue joue de la basse et assure les choeurs trippy pendant que Tom s’époumonne pour émerger. L’atmosphère est lourde, l’ambiance est sombre mais le chant décalé invite à l’évasion quand « Play The Game » introduit le mystère et une menace sourde par son thème électro répétitif et envoûtant appuyé par une basse lourde. « Sci-fi » est plus léger et invite au voyage à grand renfort de samples électroniques hypnotiques.
« Open Blind » introduit la notion cinématique angoissante qui va guider le reste de l’album par ses voix off programmées et ses thèmes musicaux récurrents dans une ambiance de tension permanente. « Hide ‘n’ Sick » apparaît davantage comme une récréation mais semble fixer les limites de l’évolution des personnages. « Emma Peel » apparaît comme une réminiscence du feuilleton bien connu (The Avengers) et participe à l’éviction des notions de temps et d’espace. « Difference » participe à son tour au climat de mystère de l’album.
Vient ensuite « Ghost Rider », une composition de Alan Vega et Martin Rev (Suicide) chantée par Chelsea (Norma Loy), la pièce maîtresse de cet album déroutant et totalement envoûtant. Les voix sont particulièrement impressionnantes et parachèvent l’impression de menace ouverte sur un rythme très rapide et désordonné terminé de façon abrupte. « Speed Bored » lui emboîte le pas et part sur les chapeaux de roue mais la lassitude aidant, on en revient à un rythme plus normal.
« Sarah Connor » est un autre morceau envoûtant mais il est déforcé par intermittence par des bruitages intempestifs qui nuisent à son climat de mystère teinté de menace avec ses sirènes finales. « Of Mystery End », sur une musique composée par Tom et David, est un très bon morceau de rock spatial qui évoque le rock progressiste des seventies au début mais les samples électroniques ont tôt fait de modifier la texture du morceau et en font un électro rock de facture très actuelle, mêlant ainsi les références temporelles pour brouiller les pistes.
Très bon album dans le genre trippy sombre où les notions de temps et d’espace s’estompent.
Pays: FR
Manic Depression Records
Sortie: 2008/09