BAEZ, Joan – Day After Tomorrow
Joan Baez est une chanteuse folk à caractère politique née en 1941 à Staten Island, New York. Influencée par Woody Guthrie et Bob Dylan, elle incarne la conscience de l’Amérique. Elle a connu son heure de gloire au moment de la guerre du Vietnam et son mari, David Harris, activiste notoire, a même fait de la prison. Ses prises de position ne manquaient ni de courage ni de pertinence et elle a contribué à sa manière à l’émancipation de la femme. Elle s’est ensuite tournée vers la musique pop rock. Elle a un peu disparu de la circulation mais elle revient pour fustiger la guerre en Irak. L’histoire est un éternel recommencement.
Sa voix de soprano n’a pour ainsi dire pas changé et elle est du genre agréable. Même si elle assène quelques vérités désagréables à entendre, elle le fait toujours de sa voix douce mais ferme. L’album est produit par Steve Earle qui parvient à recréer l’ambiance si particulière de la fin des années soixante. Ce n’est pas un mince exploit. Il signe trois titres : « God Is God », le premier, où la guitare hawaïenne de Darrell Scott se distingue, « I Am A Wanderer », un magnifique morceau mid tempo qu’elle interprète à sa façon très cool, et « Jericho Road », un negro spiritual qui clôture l’album en beauté avec son chant a capella, ses handclaps et ses harmonies vocales.
« Rose Of Sharon » est une composition de Eliza Gilkyson où la belle voix de Joan Baez donne sa pleine mesure au milieu des percussions discrètes de Kenny Malone. « Scarlet Tide », un morceau sophistiqué qui convient parfaitement à la chanteuse, qui donne ici une interprétation tout en délicatesse. Il est signé Elvis Costello – T Bone Burnett. Darrell Scott y joue du bouzouki. Qui ne connaît le fameux « Day After Tomorrow », de Tom Waits et Kathleen Brennan ? C’est un réquisitoire impitoyable contre la guerre que Joan Baez interprète de façon magistrale en s’accompagnant seule à la guitare acoustique. Pourtant, elle parvient à capter toute l’attention et à créer une ambiance de recueillement.
« Henry Russell’s Last Words » traite d’une catastrophe minière réelle. On y parle de victimes sacrifiées au dieu argent. On doit « Mary » à la plume de Patty Griffin. C’est un magnifique morceau folk doux amer qui permet à la chanteuse de renouer avec son passé. « Requiem » de Eliza Gilkyson parvient à créer un climat de recueillement et à introduire un autre élément dramatique dans un album qui n’en manque pas tandis que « The Lower Road » est une composition très douce de Thea Gilmore. Steve Earle y joue de la guitare et Tim O’Brien de la mandoline pour en faire un titre country folk excellent.
Très bon album doux amer basé sur la réflexion qui traite avec justesse de sujets graves.
Pays: US
Proper Records / Rough Trade PRPCD034
Sortie: 2008/09/08