QUINTESSENCE – Self
Après avoir pas mal voyagé, l’Australien Ron Rothfield aboutit à Londres à la fin des années soixante. En 1969, il recrute sur place cinq partenaires de nationalités différentes (Australienne, Canadienne, Américaine, Anglaise et Mauricienne) et forme Quintessence.
Malgré beaucoup d’insouciance, le sextet est marqué par le sceau de la chance. Il trouve immédiatement le chemin des studios après avoir croisé le patron de Island Records, Chris Blackwell, et son collaborateur Muff Winwood, ex-Spencer Davis Group et frère de Steve. Trois albums sont publiés coup sur coup (« In Blissful Company », « Quintessence » et « Dive Deep »). Ils rencontrent un certain succès public et le second atteint même la vingt-deuxième place des « charts » anglais. A l’été 1971, le groupe signe avec R.C.A. et enregistre encore deux albums supplémentaires en 1972 (« Self » et « Indweller »). Fin de la même année, tout est dit et ils se séparent.
En définitive, Quintessence n’a laissé que peu de traces dans l’Histoire du Rock. Il est resté peu connu en dehors des Iles Britanniques et totalement ignoré de l’autre côté de l’Atlantique. Il n’a jamais servi de référence dans son domaine, le « Psychédélisme » d’essence plus américaine, qui débordait déjà de génie sur son propre sol et rayonnait à travers le monde.
En fait, l’écoute de « Self », leur quatrième album, montre un groupe plongé dans le mouvement « Hippy ». Dans ses propos et ses attitudes, le groupe accumule les traits les plus excessifs et les plus irritants du genre. La simple lecture des titres suffit à le comprendre. Les incantations présentes sur tous les titres à divers degrés mêlent allègrement des éléments disparates provenant des religions chrétienne et hindouiste, prétextes aussi aux déclarations d’amour et aux désirs d’un monde que l’on voudrait évidemment toujours meilleur. Comme d’autres à l’époque, Quintessence avait aussi son gourou Hindou, qui les avait affublés d’un nouveau nom. Celui-ci signe également le titre ayant donné son nom à l’album.
Qu’on ne s’y trompe pas, cet opus est globalement bon, même si les attitudes ont parfois tendance à renvoyer la musique au second plan. C’est le cas dans l’énervant « Hallelujad », répété des dizaines de fois, ou dans « Celestial Procession », véritable musique de messe. Heureusement, lorsqu’il évite ces excès, le sextet évolue la plupart du temps dans un « Psychédélisme » apaisant, de belle facture, construit à partir de « Jazz » et de « Rock », et enrichi d’une bonne dose de musiques indiennes.
Quant aux interprètes, ils ne manquent pas de qualités. Les guitares sont bien présentes et le soliste offre quelques succulents solos, comme sur « Vishnu Narain » ou, sur une des perles de cet album, le très « West Coast » « Freedom ». Leurs sonorités restent habituellement d’une grande pureté et rappelle tant Grateful Dead et Quicksilver Messenger Service que Mike Oldfield. La flûte intervient beaucoup et accentue la limpidité générale. La basse ne manque jamais d’audace, au contraire des percussions, plus discrètes. La voix est prédicatrice parfois, excellente toujours, entre celles des vocalistes de Doobie Brothers et de Grateful Dead, de Greg Walker (Santana) et de Gérard Rinaldi (l’excellente voix des Charlots).
Il est à noter que deux titres, l’excellent « Freedom » et le plus inégal « Water Goddess », sont enregistrés en public.
Les bonus sont tout deux de petites merveilles, digne des meilleures productions de la « West Coast ». « Sweet Jesus », particulièrement, fait frissonner de plaisir et semble sorti du « Just for Love » de Quicksilver Messenger Service.
En conclusion, « Self » ravive les souvenirs d’une époque révolue. Bien que moins percutant que leurs collègues Américains, Quintessence permet de passer un moment de plus en plus agréable au fil du temps et des écoutes.
Les titres (53’38) sont composés collégialement, excepté « Self » créé par leur gourou :
- « Cosmic Surfer » (3’49)
- « Wonders of the Universe » (4’13)
- « Vishnu Narain » (6’25)
- « Hallelujad » (4’15)
- « Celestial Procession » (1’20)
- « Self » (Swami Ambikananda) (3’08)
- « Freedom » (6’44)
- « Walter Goddess » (14’26)
- « You Never Stay the Same » (6’16) (*)
- « Sweet Jesus » (2’57) (*)
(*) bonus
Quintessence :
- « Raja Ram » Ron Rothfield : Flûtes & Percussions
- Allan Mostert : Guitares Lead & Basse
- « Maha Dev » Dave Codling : Guitares rythmiques
- « Shiva » Phil Jones : Chant, Claviers & Percussions
- Jake Milton : Batterie & Percussions
- « Shambu Babaji » Richard Vaughn : Basse & Guitare acoustique
+ - Simon Lanzon : Piano (2)
Pays: GB
Esoteric Recordings ELEC2076
Sortie: 2008/07/21