GUY, Buddy – Skin Deep
Buddy Guy a 72 ans mais il est toujours bien là avec son Chicago electric blues rempli d’émotion. Eric Clapton dit de lui qu’il est le meilleur guitariste de blues vivant et les Stones l’ont invité sur scène lors de l’enregistrement du concert choisi pour le film « Shine A Light » de Martin Scorsese. Il donnerait des leçons de blues à beaucoup de soi-disant grandes pointures, même si la production n’est pas toujours à la hauteur. On aurait préféré une production plus proche des racines du blues, moins lisse. Mais finalement, c’est presque un détail tant les intervenants donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Buddy Guy a réuni son groupe actuel qui comprend David Grissom (Storyville), un guitariste rythmique qui a joué avec Joe Ely, the Allman Brothers et John Mellencamp, Reese Wynans (Stevie Ray Vaughan, Double Trouble), un claviériste bien connu des amateurs de blues, Willie Weeks (Gypsy, Doobie Brothers), un bassiste de talent qui a joué avec les plus grands et qui excelle dans tous les genres, et Tom Hambridge à la batterie.
Il y a aussi les amis, des musiciens de talent, pour l’épauler sur cet album, notamment le couple Derek Trucks et Susan Tedeschi mais aussi Robert Randolph, le virtuose de la steel guitar, de même que Eric Clapton, qu’on ne présente plus. La plupart des compositions sont de Buddy Guy et Tom Hambridge, diplômé de la Berklee School of Music de Boston, qui est aussi le producteur de cet album. Tous ces artistes se connaissent et s’apprécient et c’est sans doute ce qui donne sa cohésion à l’album.
« Best Damn Fool » met en scène le combo renforcé par une section de cuivres avec des arrangements qui donnent un caractère funky à ce morceau très bien chanté et joué. « Too Many Tears » est encore plus rythmé et comprend Susan Tedeschi au chant et Derek Trucks à la slide. Cette fois, c’est un electric blues avec un chant alterné remarquable. « Lyin’ Like a Dog » est un blues assez long qui met en valeur tour à tour la voix pleine d’émotion de Buddy Guy, très en verve, et sa guitare magique, bien accompagnée par une section rythmique qui connaît toutes les ficelles du métier. Seul Reese Wynans se montre plus discret au piano. C’est sans doute la volonté du producteur.
« Show Me The Money » est un mid tempo qui, contrairement au morceau précédent, met en valeur le jeu de piano et qui comporte des choeurs chantés par Bekka Bramlett (Faith Hill), la fille de Delaney and Bonnie, et Wendy Moten. Composé par Tom Hambridge et Gary Nicholson, un compositeur éclectique très apprécié, le très beau « Every Time I Sing The Blues » est un autre morceau cool de plus de sept minutes, cette fois avec Eric Clapton à la guitare et au chant alterné. Les passes d’armes entre les deux guitaristes laissent l’auditeur pantois. Cette fois, l’orgue de Reese Wynans a un rôle en vue.
Robert Randolph joue de la steel guitar, Nathan Williams de l’accordéon et Richie Hayward (Frank Sinatra, Factory, Little Feat and friends) de la batterie sur « Out In The Woods », un blues magnifique basé sur les trois guitares, qui se croisent et s’entrecroisent dans un mouvement réglé au millipoil par un producteur que l’on dit maniaque. A côté, « Hammer And A Nail » paraît presque banal malgré des qualités incontestables. Robert Randolph, Nathan Williams et Richie Hayward réapparaissent sur « That’s My Home », ce qui laisse à Tom Hambridge le loisir d’assurer les chœurs et les percussions. C’est le morceau le plus rock de l’album mais la voix de Guy ne donne aucun signe de faiblesse.
Composé par Buddy Guy, Tom Hambridge et Gary Nicholson, « Skin Deep » est un très beau morceau plus traditionnel qui laisse la vedette au jeu tout en nuances de Derek Trucks, littéralement impérial sur ce morceau. Tom Hambridge, Bonnie et Bekka Bramlett assurent les backing vocals. Sur « Who’s Gonna Fill Those Shoes », le très jeune Quinn Sullivan et Rob McNelly jouent de la guitare pour soutenir le jeu de Buddy Guy, les backing vocals étant le fait de Bekka Bramlett et Wendy Moten. Mais ce qui surprend, c’est la sauvagerie du chant et du jeu de guitare de Guy. Il est littéralement déchaîné.
Rob McNelly prend la place de David Grissom sur « Smell The Funk », un morceau qui comporte des aspects funky et soul mais qui garde son caractère percutant. Enfin, on retrouve Eric Clapton et Buddy Guy pour un chant alterné, des soli de guitares remarquables soutenus par une prestation impeccable de Reese Wynans à l’orgue sur « I Found Happiness », une conclusion parfaite pour cet album tonique au possible.
Très bon album groovy un peu desservi par une production trop propre malgré les efforts de Buddy Guy pour l’exploser. Mais pourquoi bouder son plaisir ? C’est de la classe et du talent à l’état pur.
Pays: US
Silvertone / Zomba Recording / Sony BMG 88697-34316-2
Sortie: 2008/07/21