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ME FIRST AND THE GIMME GIMMES – Have Another Ball! The Unearthed A-Sides Album

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La première chose qui frappe quand on prend cet album de punk revival en main, c’est l’humour qui tue. Ce sont des intellos qui font une blague d’étudiants qui dure depuis 1995. Ils en sont à leur septième album. C’est du punk humoristique et s’ils égratignent les auteurs, ce n’est jamais méchant. On sent du respect envers les auteurs de ces compositions originales des seventies. Ce sont simplement des versions concoctées à leur sauce à la dynamite. Question humour, on n’avait plus vu ça depuis les Ramones et NOFX et ça fait du bien. D’ailleurs, Fat Mike (NOFX) est dans le coup. On est loin des éructations nihilistes et stériles des Sex Pistols. Mais passons.

Premier bémol : ils massacrent allègrement et avec délectation « Rich Girl » de Daryl Hall de Hall & Oates. Que dire alors de « The Boxer », de Paul Simon de Simon & Garfunkel ? Peut-être ne portent-ils pas les duos dans leur coeur. En tout cas, ils s’en donnent à cœur joie. Et comment dire ? C’est crédible tant ils forcent la dose en empruntant un rythme TGV et ils rendent les pièces originales méconnaissables mais avec talent et humour. Comment ne pas leur pardonner d’être iconoclastes ? Le rock aussi a besoin de coups de pied au cul, de temps en temps.

Deuxième bémol : ça dure 28’33” seulement mais on a ainsi l’occasion de l’écouter très souvent sans perdre trop de temps, en voiture par exemple, et ça met de très bonne humeur, surtout ceux qui connaissent les versions originales. « Country Roads » est un morceau composé par Mary Catherine Danoff, William Danoff et John Denver et en le dénaturant, ils en font malgré tout un très bon usage. Le groupe donne même envie d’aller écouter l’original. « I Write The Songs » de Bruce Johnston (The Beach Boys) est littéralement atomisé et presque méconnaissable. On ne peut parler de réussite dans ce cas-là mais n’est-ce pas anecdotique ?

« Sodomy » de Galt MacDermot, James Rado, Gerome Ragni est bien sûr un clin d’œil énorme très dix-huitième degré à NOFX, capable du pire comme eux. Pour ceux qui n’aiment pas, ça dure 28 secondes. « You’ve Got A Friend » est un mélange savoureux entre le titre original composé par Carole King et interprété par James Taylor et « Blitzkrieg Bop » des Ramones, une façon de rendre hommage aux paumés new-yorkais qui ont donné ses lettres de noblesse à un genre décrié parce que mal compris, biaisé qu’il était par le nihilisme dû au contexte économique du reaganisme et du thatchérisme aveugle. C’était simplement un ras-le-bol exprimé avec des moyens frustes certes mais sincères et efficaces. Le punk a changé la face du rock en 18 mois.

« Mahogany » est une chanson de la divine Diana Ross à qui Gerry Goffin et Michael Masser l’ont offerte, sachant qu’elle en ferait bon usage. Gageons que le traitement appliqué par le groupe les aurait horrifiés mais comme c’est pour la cause du rire, ils auraient sans doute pardonné. « Mother And Child Reunion » est une autre composition de Paul Simon passée à la moulinette par Me First And The Gimme Gimmes. Le résultat n’est pas mauvais du tout, même si on préfère l’original. Ce n’est pas le moindre mérite de cet album : renvoyer notamment les jeunes vers des morceaux populaires mais parfois excellents.

Le standard de Billy Joel, « Only The Good Die Young », est lui aussi soumis à un régime amaigrissant par une simplification caricaturale mais salutaire. Le titre ne manque ni d’énergie ni d’ironie. On peut dire la même chose de « Coming To America » de Neil Diamond. Le traitement au Kärcher qu’il reçoit est de nature à lui rendre une deuxième jeunesse mais pas à l’améliorer. Ce n’est bien sûr pas le but. « The Harder They Come » est une composition soul de Jimmy Cliff qui s’en trouve toute retournée mais bien traitée. Le résultat est étonnant. Pour terminer en beauté, « Don’t Let The Sun Go Down On Me » reçoit un traitement de choc qui réveillerait un mort. Voilà une fin humoristique de bon aloi pour clôturer cet album surprenant dans le bon sens du terme.

On retrouve ici l’esprit des Ramones et de NOFX grâce à ce groupe décapant. L’humour ne sert pas à résoudre les problèmes : il aide seulement à mieux les supporter. Par ces temps de morosité organisée, ils font oeuvre de salubrité publique. A consommer sans modération. Pisse-vinaigre s’abstenir.

Pays: US
Fat Wreck Chords / Sonic Rendezvous FAT729-2
Sortie: 2008/07/04

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