CD/DVDChroniques

SUBWAYS (The) – All Or Nothing

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Le dernier album des Subways, « Young For Eternity », date de 2005. C’est long, trois ans. Opéré pour des nodules aux cordes vocales en 2006, Billy Lunn a dû annuler une série de concerts de promotion de l’album. Il risquait non seulement de ne plus pouvoir chanter mais aussi de ne plus pouvoir parler. Pour se remettre, pendant que The Subways enregistraient l’album, il y a eu la séparation avec son amie Charlotte Cooper.

Résister à une séparation n’est pas facile. Quand la séparation succède à une opération aux cordes vocales, supporter les conséquences de cette douleur physique et morale n’est pas à la portée du premier venu. La séparation et la maladie s’accompagnent souvent d’une réflexion et d’une remise en question de ce que l’on fait et de ce que l’on est. Pourtant, The Subways existent toujours et semblent garder le contrôle. On fait comme si. C’est un signe d’intelligence et de maturité mais cela va-t-il durer ? Quand on lit les textes des chansons composées après la séparation, il est permis d’en douter. En tout cas, ils semblent avoir tourné la page. C’est peut-être la fin d’une belle aventure. L’amour, ça va, ça vient…

Trois ans, c’est le temps qu’il a fallu aux Subways pour faire les tournées de promotion, encaisser les coups durs et se remettre au travail. Sur « All Or Nothing », l’énergie juvénile et le caractère jubilatoire, toujours présents, ont fait place à une plus grande réflexion et cela se sent dans quelques titres plus nostalgiques. C’est ce que l’on ressent à l’écoute de cet album, qui garde l’énergie brute incroyable du premier mais y ajoute plus de profondeur. Alors, pour la voix du chanteur, « All Or Nothing », c’est tout ou rien, sous la direction du producteur Butch Vig, qui a produit auparavant Nirvana, The Smashing Pumpkins et Sonic Youth et qui a fait ses preuves.

L’album débute en coup de canon avec « Girls & Boys », de l’énergie à l’état pur, où Billy Lunn ne prend aucune précaution pour sa voix. Les harmonies vocales entre les deux ex ne souffrent pas encore de la séparation. Les riffs de guitare sont toujours aussi percutants et Josh Morgan frappe toujours comme un sourd. Et puis question dynamite, Butch Vig est toujours là pour allumer la mèche. « Kalifornia » est du même tonneau et l’énergie est toujours bien présente. « I will fight/And I will never be defeated ». C’est très anglais, ce défi lancé à la cantonade. On n’est pas très loin du punk des débuts mais il est un peu édulcoré pour la circonstance par un aspect plus pop toujours présent et un chant alterné qui frise la perfection.

« Alright » est aussi un titre bourré de dynamite dans la continuité du premier album mais avec plus de puissance encore et avec une mélodie accrocheuse en diable. C’est cette dualité qui fait des Subways ce groupe inimitable. « Shake! Shake! » débute par une ligne de basse irrésistible et Billy Lunn se met au diapason par des riffs de guitare très incisifs tandis que la batterie se déchaîne de plus belle et que Lunn prend des risques avec sa voix. Changement de décor et de registre pour « Move To Newlyn », plus nostalgique, où transparaissent les problèmes et une remise en question de soi-même. C’est nouveau dans la courte vie des Subways. « I’m gonna move to Newlyn/Find the lights inside of me/Sail the Irish Sea to Dublin/What will life ever make of me? ».

Toujours très accrocheur, « All Or Nothing » renoue avec la puissance et la ligne mélodique immédiate habituelle. Billy Lunn a le génie de la composition qui cartonne et ne s’en prive pas. « I Won’t Let You Down » touche à un autre sujet plus délicat et évoque la séparation sur un chant alterné jubilatoire mais teinté de nostalgie sur des riffs décapants. « Get out of my town/Get out of the spotlight/You saw my heart so what does it look like?/It’s not what you do but how it gets done/And now I’ve had my fun » est clairement une allusion au problème de couple mais sans remettre en question le bonheur qui a existé.

Le punk « Turnaround » est d’une puissance inimaginable. Les Subways ont clairement la rage. Si la voix tient après ça, on peut croire au miracle. Et elle tient. « Obsession » relève aussi d’une puissance de jeu peu commune. Le couple est de nouveau le centre des préoccupations comme ici : « I could travel ten thousand miles/So I could escape your smile » et le chanteur tente de se débarrasser de ses frustrations dans une débauche d’énergie incroyable. On retombe de haut avec la douceur de « Strawberry Blonde », le calme après la tempête. Billy Lunn prouve qu’il est bien plus qu’un excité et qu’il est capable de nuances, ce que l’on pressentait à la lueur des compositions plus nostalgiques. Poignant. Par contagion, ses comparses se mettent au diapason et prouvent qu’ils ont aussi du répondant.

« Always Tomorrow » bénéficie du jeu de batterie de Josh Morgan, bien dans son trip et qui ne s’embarrasse pas de vaines considérations. Il n’a pas le talent ni la prétention de Ginger Baker mais il est efficace. Différent par le sujet, le morceau trouve sa justification dans cette débauche d’énergie. « Lostboy » est plus nuancé et exprime tout le désarroi que l’on peut ressentir lors d’événements dont la gravité nous dépasse. Il exprime aussi parfaitement ce que l’on ressent à la fin d’une période bénie dont on a peine à se rendre compte qu’elle a un caractère provisoire.

Très bon album qui exprime par des sentiments forts et des paroles pleines de justesse le passage à l’âge adulte.

Pays: GB
Warner Code EAN 0825646952717
Sortie: 2008/06/27

Laisser un commentaire

Music In Belgium