SIDE STEPS – Steps On Edge
Le groupe Side Steps est formé depuis 1990. Il est composé depuis le début de Atsunobu Tamura, guitare, Hiroaki Itoh, claviers, direction musicale, Koichi Iwai, basse, et Ichiro Fukawa, batterie.
Tous les titres ont été enregistrés fin 1993. C’est du jazz rock techniquement parfait mais il y a un manque flagrant de feeling qui ne semble pas troubler les musiciens; manifestement, ce n’est pas cela que l’on doit rechercher ici.
« On The Eve Of The Time », très courte pièce classique, est un excellent début pour cet album. Très belle mélodie, bon jeu des musiciens, mais déjà beaucoup de grandiloquence sur la fin.
« Triumphal Return (Inner Space III) » est par contre beaucoup plus jazz, et surtout beaucoup plus froid. Rien à dire sur le plan technique mais beaucoup à redire sur le plan du feeling. C’est joué de manière très propre mais l’absence d’émotion est très palpable. Par moments, la mélodie est très belle mais il manque un élément essentiel pour susciter l’enthousiasme. Les musiciens se défient mutuellement tout au long de ce très long titre.
« Only A Wish » est aussi très jazz et très peu rock. Les prouesses techniques succèdent aux passes d’armes entre les musiciens, entre la guitare et les claviers notamment. La section rythmique se hisse au diapason. Ici aussi, ça paraît un peu longuet. Encore cette absence de feeling, sans doute. On appréciera pourtant des passages magnifiques au piano. Question technique, c’est la toute grande classe.
« Latin Rhythm » n’apporte pas vraiment la chaleur que l’on souhaiterait voir apparaître dans cette pièce jouée de manière parfaite sur le plan des capacités techniques. Ici aussi, Hiroaki Itoh et Ichiro Fukawa notamment démontrent l’étendue de leur talent, et Atsunobu Tamura est vraiment très rapide à la guitare. Le morceau se termine dans une effervescence qui n’a pourtant rien à voir avec la chaleur que l’on rencontre dans les pays du sud.
« Preface – Private Eye » est une autre longue pièce qui laisse beaucoup de place au synthé. La quête de la perfection technique est évidente. Sur ce plan là, c’est réussi. Tous les intervenants se surpassent pour créer ce morceau d’anthologie. Les changements de rythme sont fréquents et suscitent une émulation salutaire entre les musiciens.
« Jazz It » commence par des gimmicks savamment distillés pour laisser place ensuite au piano et à la guitare, toujours en compétition. La mélodie, ou plutôt devrait-on dire les mélodies, sont très agréables mais régulièrement contrecarrées par le piano, qui produit des dissonances évidemment voulues et même recherchées, et les distorsions de la guitare. La batterie est sobre, sans ostentation, sauf dans le solo final, mais très efficace. Démonstration parfaite de virtuosité technique et de cohésion avec cette fois la basse très bien mise en valeur !
« An Eternal Tide » débute sur un mode intimiste inspiré par la musique classique mais vire rapidement sur des phrases mélodiques plus musclées où la guitare prédomine. C’est en effet comme une marée, qui monte puis se retire, qui se montre tantôt douce, tantôt violente. Les éléments doux sont souvent fournis par le piano, qui sait aussi se montrer sous un jour beaucoup plus tourmenté lors des parties grandiloquentes. A ces moments-là, les distorsions de la guitare en accentuent encore les effets, comme un vaste crescendo qui ne prend fin que par la volonté du claviériste.
Uniquement si vous êtes un fan de jazz rock techniquement parfait mais froid.
Pays: JP
Musea Records FGBG 4511.AR
Sortie: 2004/01 (réédition, original 1994)