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VAMPIRE WEEKEND – Vampire Weekend

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On ne s’en étonnera pas : comme The Big Sleep, TV On The Radio, Clap Your Hands Say Yeah, Animal Collective, MGMT, Vampire Weekend vient de New York, un des hauts lieux de la créativité dans le domaine de la musique rock actuelle. Ils se sont fait connaître en 2006 sur Internet en dribblant les firmes de disques, bien sûr. Ils ont pourtant séduit la firme XL Recordings, une des plus intéressantes, qui leur a donné l’occasion de faire un premier album. Il est original et excellent et préfigure le rock de demain.

Cette fois, c’est vers l’Afrique que les artistes new yorkais se sont tournés pour jouer leur « Upper West Side Soweto ». C’est surtout le cas sur « Cape Cod Kwassa Kwassa ». S’ils n’ont pas entièrement assimilé le sens du rythme de ses habitants, ils lui ont emprunté l’insouciance et la joie de vivre. Leur énergie juvénile est contagieuse et préserve des ambiances déprimantes de Suicide, par exemple. Ce serait même un peu l’antidote. Ces jeunes intellectuels refusent le monde tel qu’on veut nous le faire gober et répandent une lumière intérieure qui en éloigne.

« Mansard Roof » part sur un rythme complètement chaotique bourré de contretemps, en alternance avec des percussions tribales un peu plus disciplinées mais le ton est donné. D’emblée, la voix de Ezra Koenig accroche. Les quatre jeunes ont récemment quitté l’Université de Columbia et ils évoquent essentiellement leurs souvenirs d’école mais ici, c’est d’architecture qu’ils parlent. « Oxford Comma » ironise sur le ton badin à propos de l’apprentissage de la littérature à l’Université. « A-Punk » est plus insouciant et l’orgue de Rostam Batmanglij, qui produit l’album, dialogue avec la voix sur un afro-beat irrésistible.

« Cape Cod Kwassa Kwassa » est l’archétype de la musique influencée par l’Afrique. Cela ne ressemble pas à Osibisa mais plutôt à « Graceland » de Paul Simon ou à Johnny Clegg & Savuka. Il y a la même dynamique tonique qui incite impérativement à la danse. « M79 » met aussi l’accent sur les percussions mais ici, il y a des émanations de musique classique qui viennent se mélanger à cette musique pleine de tonus. Les cris rappellent pourtant les chœurs africains mais c’est un melting pot savoureux et positif qui célèbre la vie insouciante et festive de la jeunesse.

Le très beau « Campus » est un morceau dont la particularité est une ligne de basse syncopée et répétitive sur les riffs de guitare et la voix évoque une certaine nostalgie face à l’entrée dans la vie active mais le résultat en vaut la peine. « Bryn » rappelle les mélodies gaéliques et constitue la respiration de cet album mais le morceau est mis à la sauce dynamitée de Vampire Weekend avec des percussions tribales. « One (Blake’s Got A New Face) » est un morceau un peu martial par ses percussions mais dans les paroles, c’est surtout l’évocation de la vie urbaine nocturne au temps des études. La belle vie, quoi, en tout cas pour ceux qui ne manquent pas d’argent.

« I Stand Corrected » est un morceau qui ressemble presque à un gospel au début mais il débouche ensuite sur un air de fête foraine où il évoque les sorties et les conquêtes d’un jour où on a parfois manqué de respect envers la partenaire. « Walcott » est une sorte de boogie à l’ancienne avec un piano qui devient fou. Un rythme répétitif à la basse lui succède avant qu’il ne reprenne le mors aux dents et qu’un violon n’achève de lui donner un air suranné, suivi par l’orgue en folie et des percussions légèrement et volontairement hors tempo.

La voix sert de guide à « The Kids Don’t Stand A Chance », qui évite tous les poncifs du rock en restant innovant mais le violon et le clavecin parviennent à lui donner un air sérieux.

Ce premier album plein d’inventivité est excellent. C’est un rock d’intellectuels qui ne cachent pas leur origine bourgeoise mais qui connaissent la vraie vie pour s’être mêlés à la population pendant leurs études au lieu de s’isoler dans un ghetto culturel. A consommer sans modération. Mais quelle vilaine pochette !

Pays: US
XL Recordings / Beggars 6 34904 03182 4
Sortie: 2008/02/25

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