ADELE – 19
Adele Adkins, qui chante et joue de la guitare ou de la basse, commence à avoir du succès. Son passage à l’émission « Later…with Jools Holland » le 8 juin 2007, où elle a interprété « Daydreamer », l’a fait remarquer par les gens de la profession malgré la présence de Björk et de Paul McCartney himself, d’autant plus qu’elle y est allée d’une prestation sans complexe et en tous points remarquable. Sa musique pop rock acoustique devrait lui valoir un public fidèle. Il y a toujours une audience pour la musique soft intelligente.
On a même dit d’elle qu’elle était la nouvelle Amy Whinehouse mais comparaison n’est pas raison. Sur le plan vocal, ce n’est pas totalement faux mais ses chansons sont empreintes de beaucoup plus de fraîcheur. Espérons pour elle qu’elle évite certains écueils que n’a pu éviter son illustre consoeur. Sous le titre « Adele enchante l’AB Club, 4 mars 2008 », Olivier Dahon décrit en termes élogieux les qualités de la jeune chanteuse / compositrice en concert, où elle doit surmonter sa timidité.
Elle a reçu le prix de la critique aux Brit Awards 2008. A son âge, beaucoup n’ont pas cet honneur. Elle cite Suzanne Vega parmi ses influences et elle joue dans la même cour que Beth Orton, Lily Allen et Kate Nash mais son organe vocal est bien meilleur. C’est un diamant brut qui ne demande que du travail et des conseils éclairés. Son producteur n’est autre que Jim Abbiss (Sneaker Pimps, Mono, The Music, Editors, Arctic Monkeys, …).
Son album comprend 12 titres et sa voix nuancée convient bien à ses compositions, notamment à « Daydreamer », un très beau morceau acoustique et poétique où son jeu de guitare très fluide a tout pour séduire. Mais outre ses textes, c’est sa voix qui est bien mise en valeur et constitue son atout principal. Elle la module en fonction de ses émotions et du contexte global de ses chansons.
Ainsi, elle devient plus grave sur « Best For Last », un morceau très différent du premier. Cette fois, elle joue de la guitare basse. « Chasing Pavements » est le premier simple qui l’a fait connaître. Elle y exhibe sa sensibilité au dessus de la moyenne et jongle avec les inflexions de sa voix. « Cold Shoulder » est un morceau soul au rythme plus chaotique, avec Pete Biggins aux percussions, et sur lequel elle est soutenue par les cordes mais elle s’en tire très bien malgré tout grâce à la qualité de sa voix. On la retrouve meilleure encore sur « Crazy For You », un morceau irrésistible transcendé par la tessiture très riche de sa voix.
« Melt My Heart To Stone » est un morceau jazzy teinté de soul où elle prouve s’il le fallait encore toute l’étendue de son talent et fait preuve d’une maturité rare pour son âge. Mais sur « First Love », un morceau qui demande une interprétation nuancée, elle atteint des instants de grâce. S’il est un morceau où le timbre de sa voix évoque Amy Whinehouse, c’est bien « Right As Rain ». Déjà, la nature du morceau s’y prête. Et puis, Adele se laisse aller complètement.
Elle interprète ensuite brillamment et avec une grande sensibilité « Make You Feel My Love », une excellente composition de Bob Dylan, avec Neil Cowley dans le style de Elton John au piano, tandis qu’elle prouve sur « My Same », plus jazzy, l’étendue de son talent à multiples facettes. « Tired » contient des orchestrations pompeuses et la chanteuse n’est pas suffisamment mise en valeur au contraire de « Hometown Glory », où elle est accompagnée par Neil Cowley au piano et Jim Abbiss au glockenspiel. Là, elle donne sa pleine mesure et ses accompagnateurs se contentent de souligner délicatement sa prestation impeccable.
Premier album plus que prometteur pour une chanteuse de grand talent qui n’a pas fini d’étonner.
Pays: GB
XL Recordings / Beggars XLCD313
Sortie: 2008/02/25