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WINWOOD, Steve – Nine Lives

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Steve Winwood vient de recevoir un titre honorifique de l’Université de Berklee. Le voilà Docteur ès Musique, un titre amplement mérité, même si sa carrière a alterné les hauts et les bas. Reconnu par ses pairs comme un musicien de grand talent, il n’a pas toujours trouvé les idées qu’il fallait au bon moment. Sa carrière solo notamment en a souffert. Il sort son neuvième album depuis 1977. Peut-être se disperse-t-il par gentillesse et ne sait-il pas dire non à trop de sollicitations.

Retracer la carrière d’un tel artiste serait fastidieux. Retenons seulement qu’il a fait partie du Spencer Davis Group, où sa voix a fait sensation. Il chantait comme les noirs. Puis ce fut l’aventure Traffic avec Jim Capaldi, Dave Mason et Chris Wood, plus jazzy, qui lui a fait perdre une partie de ses fans. Il forme alors Blind Faith avec Eric Clapton, Ginger Baker et Rick Grech. Il s’est ensuite lancé dans une carrière solo en 1977. C’est déjà un fameux pédigrée.

Il a participé à l’album « Electric Ladyland » de Jimi Hendrix, il a joué avec Joe Cocker et le Spooky Tooth. Avant celui-ci, son très bon dernier album, « About Time », est sorti en 2003. Celui-ci est encore meilleur. En faisant des comparaisons par rapport à sa carrière, il est jazzy et fait plus Traffic que Blind Faith. C’est une longue incantation hypnotique, incandescente et envoûtante qui entraîne tôt ou tard l’adhésion, bien aidée par ses percussions remarquables, par un saxophone absolument sublime et puis la voix de son maître.

Le bluesy « I’m Not Drowning » est déjà un morceau irrésistible qui place la barre assez haut. C’est la guitare qui mène le jeu et ressasse le thème comme une litanie. C’est une musique construite et peu accessible avec Steve Winwood comme seul intervenant. Très long, « Fly » comprend aussi un thème répétitif mais ici, c’est le saxophone qui est joué de façon remarquable. C’est jazzy, complexe mais très beau et ça rappelle le fantastique « In the Night of Day » sur « Refugees of the Heart ». Une vraie perle !

« Raging Sea » est lui aussi un morceau complexe et bien construit. Le thème principal est répété à foison et le morceau transcende l’album. Les percussions sont absolument irrésistibles et on se laisse bercer par ce trip tribal qui laisse pantois. Le Hammond de Winwood est sublime. « Dirty City » est déjà bien connu grâce à la présence de Eric Clapton, un ami depuis Blind Faith qui part dans un solo extraordinaire vers la fin, mais c’est encore une fois le Hammond qui tient la vedette. On cherche les superlatifs tant c’est bien joué.

« We’re All Looking » prend ses sources dans le jazz et les percussions tribales lui donnent une couleur exotique. Le Hammond se fait discret mais reste bien présent tout au long de ce morceau peu accessible mais la mélodie aide la mémoire. Jazzy lui aussi, assez long, « Hungry Man » se laisse apprivoiser après quelques écoutes et est boosté par des percussions formidables. Karl Vandenbossche est décidément un phénomène. Il n’y a pas à dire, le natif de Birmingham sait s’entourer.

Porté par un thème répétitif, « Secrets » est un titre jazzy avec des percussions qui rappellent Carlos Santana et un orgue qui garde de la retenue. C’est la flûte de Paul Booth qui joue les vedettes, cette fois. « At Times We Do Forget » débute par un orgue dissipé qui semble vouloir en découdre avec les autres instruments mais il semble bientôt retrouver la raison pour jouer les régulateurs. La voix de Winwood est égale à elle-même depuis le début. Plein d’émotion, « Other Shore » est un morceau idéal pour terminer l’album. Dans l’esprit, on n’est pas très loin du redoutable « Arc of a Diver », avec une flûte et un saxo somptueux dont il est bien difficile de se détacher vers la fin.

Cet album envoûtant et magnifique a les mêmes qualités que « About Time » mais le surpasse encore en complexité. « Steve Winwood », qui sait tout faire, connaît un nouveau départ et s’élève vers les sommets par des paroles bien choisies et une musique sans concession. Le « jeune prodige » né en 1948 n’a pas fini d’étonner et il faudra encore compter avec lui à l’avenir. Puisse-t-il conserver cette créativité pendant de longues années encore. Il fait honneur au rock jazzy teinté de soul.

Pays: GB
Columbia / Sony BMG 88697222502
Sortie: 2008/04/28

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